9212. AU COMTE DE NEUWIED A NEUWIED.

Der Graf von Neuwied schreibt, Neuwied 4. Juli: „Mon zèle ne me permet pas de supprimer l'ouverture que me fit hier le colonel français de Fischer,255-1 homme d'intelligence et d'intrigue, très bien avec M. de Belle-Isle, dont il me montra une lettre et me fit l'incluse,255-2 parceque je voulais quelque écrit. Il assura sur sa tête que dans trois semaines il y aurait ici, sous prétexte de négocier mon bataillon, un lieutenant-général français actuellement employé à une cour d'Allemagne, au cas que je pus lui donner à connaître indirectement qu'il plairait à Votre Majesté d'envoyer pareillement en secret une personne de rang pour entrer en pourparlers, afin de pouvoir, en cas de convenance, signer des préliminaires en vertu des pleins-pouvoirs qu'ils auraient en poche. Un de mes amis a trouvé à Versailles un homme de quelque poids dans les sentiments que Fischer dépeint. Les ordres de Votre Majesté seront ma règle inviolable, selon le profond et soumis dévouement avec lequel je serai, malgré les temps critiques, toute ma vie etc.“

Schreiben des Obersten Fischer an den Grafen von Neuwied, d. d. Andernach 3. Juli.

Monsieur. C'est à présent à mon tour que je vous parle politique. Il est sûr qu'il est extraordinaire à voir la France dépenser 200 millions, pour les sacrifier pour l'agrandissement de la maison d'Autriche; sûrement, Monsieur, je ne me saurais pas imaginer que c'est véritablement l'intention de la cour, et je crois qu'elle se trouve forcée et tirée par les cheveux dans cette guerre, sans s'en être aperçue de quelle façon elle a été menée dans ce pas. Le roi de Prusse, quelque grand homme qu'il soit, trouvera encore des ressources dans lui-même et dans l'étendue de son grand génie; je souhaite même qu'il les trouve : mais tous les grands conquérants ont-ils été toujours heureux? Il n'y a peut-être pas dix Français à l'armée qui ne prennent pas part au dernier échec arrivé au roi de Prusse.

Je sais, à ne pas douter, que M. le maréchal de Belle-Isle255-3 a un attachement au delà de ce que je pourrai vous dire, pour la personne du roi de Prusse; soyez persuadé, Monsieur, que, si le roi de Prusse voudrait faire faire des propositions, M.<256> le Maréchal, qui a du poids dans toutes les affaires de la cour, se prêterait infailliblement, et si, par quelque moyen, Monsieur, vous pourriez faire parvenir cette idée à Sa Majesté Prussienne, je me ferais fort de faire traiter cette affaire dans votre maison même et de disposer qu'on envoyât quelqu'un chargé de la cour pour entrer en affaire. J'ai l'honneur etc.“

[Leitmeritz,] 18 juillet256-1 [1757].

Je vous suis très obligé des bonnes intentions dans lesquelles vous êtes pour mon service. J'ai lu votre lettre avec attention. Il est bien vrai que la France en a agi jusqu'à présent d'une manière incompréhensible, sans vue, sans système et travaillant contre ses propres intérêts. Je ne sais si ceux qui gouvernent pensent comme les gens sensés desquels vous faites mention. On parle d'un traité conclu entre la France et l'Autriche qui stipule des cessions en faveur de la France;256-2 si ce traité se trouve réel, je ne vois pas comment la France pourra s'en désister. Je passe sur toutes ces difficultés, persuadé que le maréchal de Belle-Isle n'avancera rien qu'il ne puisse soutenir.

Je dois vous dire, Monsieur, que j'ai fait cette guerre malgré moi, que j'y ai été forcé par la réponse altière de la cour de Vienne256-3 et par les complots de mes ennemis, dont les preuves authentiques sont entre les mains de tout le monde. La fortune m'a favorisé au commencement de cette guerre; j'ai reçu un échec, mais cela ne m'empêchera pas de lutter contre [les] difficultés et de m'opposer constamment contre tous ceux qui conjurent contre les États que mon devoir est de défendre jusqu'à la dernière goutte de mon sang. Vous pouvez donc insinuer, s'il vous plaît, à ceux que vous croirez propres pour faire parvenir ceci plus loin : que, préférant mon honneur à tout, je n'entendrai jamais à des conditions de paix flétrissantes; que primo, il faut que tous mes alliés d'Allemagne y soient compris;256-4 secondement, qu'on s'explique ultérieurement. Je mets ma confiance en vous, Monsieur, je vous confie mes intérêts; si vous pouvez tirer des Français une explication claire sur ces deux points importants, je pourrais alors envoyer quelqu'un pour arranger le reste. Curialia!

Federic.

Nach dem Concept. Eigenhändig.



255-1 Vergl. Bd. XIII, 593; XIV, 536.

255-2 Vergl. unten.

255-3 Vergl. S. 187; Bd.I, 232. 237; II, 206; III, 180. 234; IV, 372. 373; XI, 312; XII, 119. 424. 426.

256-1 Das Datum nach einem Vermerk von Eichel auf dem Concept des Königs.

256-2 Vergl. S. 44. 45. 195.

256-3 Vergl. Bd. XIII, 285—289; 375. 376.

256-4 Vergl. S. 212. 231.