9291. AU PRINCE DE PRUSSE A DRESDE.

[Bautzen,] 26 [août 1757].

Mon cher Frère. Je ne sais quelles singulières lettres306-4 je reçois de vous. Je n'ai jamais dit, ni ne vous ai jamais cru poltron; vous<307> me faites sur tout cela un galimatias qui m'est incompréhensible. Je vous ai écrit307-1 que, si vous alliez à Berlin, tous les couards et les commodes de l'armée prendraient le prétexte de votre exemple pour boire ies eaux ou pour Dieu sait quoi, afin de s'absenter. Au contraire, je n'ai regardé ce beau voyage que comme un caprice d'un vieil enfant gâté à qui on ôte un couteau avec lequel il se serait blessé et aurait fait tort aux autres. Si je vous accuse, c'est d'irrésolution et de défaut de conduite, tant en votre particulier qu'à la tête d'une armée. Boudezmoi, parlez de votre honneur lésé, prétexte à la mode de tous les mécontents; vous ferez tout ce qu'il vous plaira, mais de ma vie je ne vous donnerai d'armée à ruiner. Voilà ma ferme résolution; c'est moi qui ai à me plaindre que vous m'avez perdu quatre bataillons, votre équipage, ruiné une armée qu'à peine j'avais recrutée et rétablie, et perdu votre magasin principal : et l'excellent général d'armée qui a fait une si admirable campagne, est très fâché qu'on lui reproche tant de sottises que l'on ne pardonnerait pas à un enseigne! Voilà tout ce que je peux répondre à votre lettre. Si vous n'êtes pas capable d'entendre raison, et que vous vouliez faire des sottises, il dépendra de vous, je m'en lave les mains, et ce que vous ferez, sera sur votre compte, non pas sur le mien. Je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



306-4 Das hier beantwortete letzte Schreiben des Prinzen liegt ebenfalls nicht vor. Ueber seinen Inhalt vergl. Anm. 3 zu S. 297.

307-1 Vergl. Nr. 9275.