9299. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCRENSTEIN A BERLIN.

Harthau, 28 [août 1757].

Quoique j'aie tenté l'impossible pour obliger Daun à combattre, je n'ai pu y réussir, et le poste où il se trouvait, était inattaquable. Je marche à présent vers Leipzig, Erfurt, Dieu sait où, pour chercher les Français et Messieurs des Cercles et les renvoyer promener à leur tour;<312> je serai demain à Dresde. Le 1er septembre je compte de marcher, et je mettrai tout en œuvre pour réussir, mais ma besogne est très difficile; je ne crains point l'endroit où je trouve des ennemis, mais les trous qui restent ouverts, et où je n'ai rien à leur opposer.

J'ai présagé depuis longtemps la désertion des Hanovriens,312-1 je vois toute leur bassesse et leur mauvaise volonté, mais j'ai lieu de croire que les Français feront les revêches, et qu'ils ne voudront de paix qu'une paix générale; d'ailleurs il faut négocier,312-2 et entretemps je n'aurai rien à appréhender du duc de Richelieu.

Quant à ce que vous me marquez touchant Cüstrin,312-3 j'y réponds que c'est le seul lieu convenable, et que, si on ne choisit pas celui-là, il faut aller à Magdebourg; mais, autant que j'entrevois, cela ne presse pas pour le moment présent. Quant à Potsdam, il n'y a que les lettres d'Eichel à sauver, il est bien question des misérables nippes que j'ai là; prêt à tout perdre, ce ne sera pas ces misères auxquelles il faudra penser.

Enfin, la crise est si terrible que cela ne samait plus durer longtemps : le mois de septembre décidera de mon sort pour l'automne et pour l'hiver; quand nous l'aurons passé, il faudra voir ce qui nous reste à faire. Vous pouvez compter que nous nous battrons bien, et que l'ennemi ne marchera, pour ruiner notre patrie commune, qu'en se frayant un chemin à travers nos cadavres. Voilà ma façon de penser et celle de l'armée. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig,



312-1 Vergl. Nr. 9304; Bd. XIV, 550. 551.

312-2 Vergl. S. 218. 229. 290. 300.

312-3 Finckenstein hatte in einem Bericht, d. d. Berlin 23. August, die Ansicht geäussert, es würde Stettin mit seinen starken Festungswerken und seiner zahlreichen Garnison als Zufluchtsort für die königliche Familie und den königlichen Schatz geeigneter sein als die kleine Festung Cüstrin. Vergl. S. 259. 270; Bd. XIV, 198.