9307. RELATION.319-2

Après la levée du siège de Prague, nous formâmes deux armées, comme on l'a dit,319-3 une à Lissa et l'autre à Leitmeritz. Celle de Lissa marcha à Jung-Bunzlau et de là à Bœhmisch-Leipa. Celle de Leitmeritz poussa un corps sur la rive droite de l'Elbe sous les ordres du prince Henri frère du Roi.319-4 Le corps de la rive gauche occupa la plaine qui règne de Leitmeritz à Lobositz, et s'assura par des détachements des hauteurs du Paschkapolo et des gorges de la Saxe vers Peterswalde. La ville de Leitmeritz, où nous avions notre magasin, notre hôpital et tout l'attirail d'artillerie qui avait servi au siège de Prague, ne pouvait se défendre que par les corps qui l'entouraient. Nous fûmes occupés à transporter nos malades et notre canon sur l'Elbe jusqu'au 20 de juillet.

Le général Nadasdy, avec un corps d'à peu près 13,000 hommes, se campa à Gastorf, pour nous empêcher la communication avec notre camp de Leipa, et elle nous devint en effet très difficile, à cause des<320> montagnes, des bois et des défilés que l'ennemi avait remplis de ses troupes légères.

La levée du siège de Prague ayant rendu la liberté aux troupes qui s'y trouvaient renfermées depuis cinq semaines, le prince Charles de Lorraine sortit et joignit l'armée du maréchal Daun près de Brandeis. Bs passèrent l'Elbe et suivirent l'armée que commandait le Prince de Prusse. Ils se postèrent sur son flanc gauche à Niemes320-1 et lui gagnèrent une marche sur Gabel, où 4 bataillons prussiens avaient été postés pour faciliter les convois de Zittau d'où l'armée tirait ses vivres. La ville de Gabel fut attaquée par 20,000 hommes et emportée,320-2 ce qui obligea notre armée de décamper et de prendre le chemin de Rumburg pour gagner Zittau. L'armée y passa, mais elle y perdit beaucoup de bagage et ses pontons, à cause que les voies de nos voitures se trouvèrent trop larges et ne purent passer à travers des chemins étroits taillés dans le roc. Par la position des armées et par leurs marches, il se trouva que les Autrichiens avaient le chemin de la corde et l'armée de Prusse celui de l'arc à décrire, pour arriver à Zittau. Le général de Schmettau, qui avait l'avant-garde, trouva en arrivant auprès de cette ville que les Autrichiens s'étaient rendu maîtres de l'Eckartsberg, poste important qui domine la ville et commande les environs; il ne put que se poster au faubourg. Notre armée en arrivant occupa le terrain opposé à celui de l'ennemi, ayant sa droite vers Zittau et sa gauche sur la montagne de Hennersdorf. Dans cette situation la ville de Zittau paraissait assurée, ses bonnes murailles la mettaient à l'abri d'un coup de main, et il aurait fallu que l'ennemi ouvrît la tranchée pour la prendre. On prétend que ce fut par l'instigation des princes de Saxe320-3 que les Autrichiens la bombardèrent.320-4 Les rues y sont étroites, et il y avait beaucoup de maisons couvertes en bardeau; le feu gagna bientôt, les maisons s'écroulèrent, les toits de bois communiquèrent l'embrasement à tous les quartiers, et l'on fut obligé d'en retirer la garnison; ceux qui avaient occupé l'extrémité de la ville, ne purent sortir, à cause que les maisons écroulées avaient bouché le passage des rues, et le colonel Diericke avec 150 hommes du régiment des pionniers et le major Kleist avec 80 hommes du régiment du margrave Henri furent pris prisonniers.320-5

Sur cela, notre armée quitta Zittau et prit le camp de Bautzen. Dès que l'on fut informé à notre armée de Leitmeritz de la prise de Gabel, l'on se prépara à quitter la Bohême.320-6 On évacua Leitmeritz, après avoir transporté tous nos magasins en Saxe, et l'armée se campa auprès de Sullowitz. Le général Nadasdy, qui nous suivit, tenta d'attaquer nos grandes gardes dans ce camp, mais il fut repoussé avec perte.<321> Nous marchâmes à Hlinay, sans que M. le colonel Laudon qui commandait les pandours, osât se montrer. De là nous prîmes la route de Nollendorf. L'ennemi attaqua le poste de Schreckenstein, défendu par 200 hommes de nouvelles levées, et l'emporta. Nous évacuâmes ensuite Tetschen321-1 et Aussig, et l'armée se campa à Cotta. Le Roi passa l'Elbe à Pirna et joignit avec un détachement l'armée de Bautzen; il poussa au Wassenberg,321-2 où les généraux Beck et Hadik et autres, dont les noms nous sont inconnus, furent fort mal traités par nos troupes légères. Nous restâmes dans ce camp, pour mettre la dernière main à nos arrangements, jusques au 15321-3 d'août.

Le 16, le Roi et l'armée marchèrent à Bernstadt, où l'on fit beaucoup de prisonniers sur le général Beck, et où l'on lui enleva ses équipages. A notre arrivée à Bernstadt, nous apprîmes qu'un corps d'Autrichiens se trouvait à Ostritz. On détacha sur-le-champ le colonel Werner, qui manqua de peu le général Nadasdy, mais lui enleva tous ses équipages321-4 et fit beaucoup de prisonniers. Le 17, on marcha à l'ennemi, moins dans l'intention de l'attaquer que de lui prendre la ville de Gœrlitz.321-5 Nous trouvâmes effectivement que son poste était inattaquable. Sa gauche était flanquée par une montagne garnie de 60 canons, sa droite était appuyée à la rivière de Neisse, au delà de laquelle campait sa réserve, qui avait garni toutes les hauteurs qui flanquaient sa ligne, de canons. Devant son front se trouvait le village de Wittgendorf,321-6 situé dans un fond où coulait un ruisseau dont les bords étaient très escarpés, et au travers duquel il n'y avait que trois passages de la largeur des chemins ordinaires. On fit passer la Neisse à Hirschfelde, le 18, à un corps sous les ordres du général de Winterfeldt,321-7 mais le terrain se trouva plus difficile encore de l'autre côté de la Neisse que de celui-ci.

Le 20, nous décampâmes,321-8 après avoir occupé Gœrlitz, que l'ennemi abandonna. Nous n'avons vu dans toute notre marche qu'une centaine de pandours, qui, quoiqu'ils eussent des bois qui les favorisaient, n'ont pas eu le cœur de se montrer321-9 ou d'agir tant soit peu vigoureusement. L'armée se campa depuis Bernstadt, sur les hauteurs de Jauernick jusqu'à, la Neisse, où le camp du général Winterfeldt commençait en s'étendant à Radmeritz.

<322>

Le 25, le Roi quitta cette armée et marcha avec un détachement vers Dresde.322-1

Nach der von Eichel au Podewils übersandten Abschrift. 322-2



319-2 Eichel schreibt am 30. August an Podewils: „Von einer von Sr. Königl. Majestät Selbst angefertigten Relation von demjenigen, so zeither in Militaribus passiret ist, gebe mir die Ehre, Ew. Excellenz eine Abschrift zuzusenden, um etwa gegen auswärtige Minister und sonst auswärtig, als auch bei dem Publico Gebrauch davon zu machen; auf welchen Fall ich aber wohl wünschete, dass verschiedene etwas harte und pikante Expressiones und Tours etwas adouciret und temperiret werden möchten, weilen doch dergleichen sonsten nur ohne Noth aigriret und keinen andern Nutzen hat, als dass es nachher wieder zurückfallet.“ Die Relation wurde am 3. September an die preussischen Gesandten verschickt; in den „Berlinischen Nachrichten“ erschien sie am 3. September in Nr. 106. In den Danziger Beiträgen ist sie Bd. III, S. 301 —306 gedruckt. Verändert ist im Druck die Erzählung von der Beschiessung Zittaus und eine Wendung am Schluss der Relation. Vergl. unten S. 320. Anm. 4, S. 321. Anm. 9.

319-3 In der vorangehenden eigenhändigen Relation. Nr. 9152. S. 208.

319-4 Vergl. S. 240.

320-1 Vergl. S. 249. 250.

320-2 Vergl. S. 256. 257.

320-3 Vergl. S. 276. 277.

320-4 Statt des Satzes „On prétend“ bis „bombardèrent“ stehen in den vom Ministerium veranlassten Drucken die Worte: „Mais l'ennemi prit le parti de bombarder la ville.“ Vergl. S. 319. Anm. 1.

320-5 Vergl. S. 281.

320-6 Vergl. S. 261. 264. 266. 268.

321-1 Vergl. S. 272.

321-2 Vergl. S. 283.

321-3 Die vier nächstfolgenden Daten der Relation sind ungenau. Statt 15. August ist 14. August, statt 16. ist 15., statt 17. ist 16., statt 18. ist 17. August zu setzen. Vergl. u. a. Histoire de la guerre de sept ans. Œuvres IV, 135. 136; die weiter unten genannte Relation von Lentulus in den angegebenen Drucken; Henckel l. c. I, 2 S. 271—277; das oben mitgetheilte Schreiben des Königs vom 14. August an Reith. Nr. 9279.

321-4 Vergl. S. 305. 312.

321-5 Ueber die Einnahme von Görlitz durch die Oesterreicher vergl. S. 267.

321-6 In der Vorlage: Witgenau.

321-7 Vergl. S. 302.

321-8 Vergl. S. 302.

321-9 Statt „n'ont pas eu le cœur de se montrer“ wurde im Ministerium und demgemäss in den Drucken gesetzt „n'ont pas osé se montrer.“

322-1 Für die Zeit vom Aufbruch des Königs aus Leitmeritz bis zum 20. August erschien bereits am 25. August in den Berliner Zeitungen (Berlinische Nachrichten Nr. 102) eine Relation aus dem Hauptquartier, das: „Schreiben eines preussischen Officiers aus Bernstädtel in der Lausitz vom 21. August.“ Auch gedruckt: Danziger „Beyträge“ III, 306—309. Diese im Ministerium redigirte Relation beruht auf einem Schreiben des königl. Adjutanten Oberst Lentulus an den Minister Finckenstein, d. d. Hauptquartier Bernstädtel, 21. August 1757.

322-2 Die eigenhändige Niederschrift des Königs liegt nicht mehr vor.