9366. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE FINCRENSTEIN A BERLIN.

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Finckenstein berichtet, Berlin 24. September, in Beantwortung der zwei königlichen Schreiben vom 21. September:378-1 „Il faudrait être beaucoup moins attaché, que je ne le suis, à Sa personne et à Ses intérêts, pour n'avoir pas été touché jusqu'aux larmes en lisant la première; mon unique consolation est dans l'espérance que le triste cas dont Elle y parle n'existera jamais : je le regarderais comme le plus grand malheur qui pourrait arriver à l'État auquel Elle doit, qu'il me soit permis de le dire, la conservation de Ses jours. Je sens tout ce qu'il y a de critique dans la situation de Votre Majesté, et j'ai admiré plus d'une fois le courage avec lequel Elle a soutenu cette suite d'adversités; mais c'est dans ces sortes d'occasions qu'un grand cœur se fait connaître, et il ne fallait pas moins que cette conduite admirable, pour soutenir la haute réputation que Votre Majesté S'est acquise. Il n'y a d'ailleurs point de situation, quelque fâcheuse qu'elle soit, qui ne puisse

[Erfurt,] 27 septembre 1757.

Vous devez me connaître assez, pour être persuadé que je ne désespère pas facilement. Je n'ai point perdu courage, jusques aux invasions nouvelles qui se font ou vont se faire dans le cœur de mon pays, ce qui tarira toutes les ressources. J'irai mon train indépendamment de ces nouveaux malheurs. Je ferai ce que je pourrai, mais je ne ferai pas grand' chose. Comment faire face à 50,000 Français qui vont entrer dans le Magdebourg, à l'armée de l'Empire, aux détachements des Autrichiens répandus en Saxe et au corps du général autrichien de Marschall qui est auprès de Lauban,378-2 et qui, d'un

avoir ses ressources, et la moindre de ces ressources est toujours préférable à un parti désespéré. Je conjure donc très humblement Votre Majesté de renoncer à une résolution si funeste et de ménager une vie qui est si chère et si nécessaire à tous Ses fidèles sujets.“

jour à l'autre, peut marcher ou à Glogau et Crossen, ou même à Berlin !

La négociation que vous savez,379-1 fait entrevoir quelque lueur favorable,379-2 mais elle traînera, et Dieu sait quels évènements arriveront entre ce temps; il nous faut des miracles, ou nous sommes perdus. Si la retraite des Russes379-3 s'était faite il y a trois mois, cela nous aurait procuré les plus grands avantages. A présent cela sauve l'armée de Lehwaldt et Kœnigsberg; mais, malgré le départ de nos ennemis, je ne suis pas jusques à présent le maître de retirer un homme de la Prusse. Enfin [c'est] mon chagrin, que pour moi je l'enferme dans le silence et le secret au fond de mon cœur, et je vous assure qu'extérieurement il n'y paraît pas, et que je continue, dans les conjonctures qui se présentent, à agir comme mes forces me le permettent et avec la même liberté d'esprit dont je vous ai entretenu en partant de Potsdam; mais, lorsqu'on se croit quitte envers sa patrie, il est juste de penser à soi-même et à ce que l'honneur exige de nous.

Je me retirerai d'ici le 28 ou 29 vers Naumbourg où je pourrai être le ...379-4 d'octobre, et où je compte au moins séjourner 8 jours, me bornant à couvrir Halle et Berlin, autant que je le pourrai, et à tomber sur le corps à celui qui m'approchera le plus. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



378-1 Nr. 9349. 9350.

378-2 Mit einem Erlass, d. d. Kerspleben 26. September, sendet der König an den Herzog von Bevern ein aufgefangenes Schreiben, aus dem hervorgehe, dass ein feindliches Corps in Lauban stehen geblieben sei. Die Absicht desselben könne sein, entweder „nach der Mark zu gehen, welches Ich abzuwehren suchen werde,“ oder gegen Glogau zu marschiren. Es würde sich empfehlen, ein Bataillon zur Verstärkung in die Festung Glogau zu werfen.

379-1 Vergl. Nr. 9350.

379-2 Vergl. Nr. 9356. 9365.

379-3 Vergl. Nr. 9351

379-4 Die Tageszahl fehlt in dem Déchiffré der Ausfertigung.