<210> frontières de la Silésie et contienne les Suédois à Stralsund et sur l'île de Rügen; d'ailleurs les Russes rentrent dans ma province de Prusse :1 comment veut-on que je me dégarnisse de troupes pour renforcer considérablement encore la susdite armée, et ne prétend-t-on pas à des choses impossibles là-dessus, à moins qu'on ne veut que je doive ruiner toutes mes propres affaires pour aller soutenir préalablement celles d'Hanovre? Ne saurait-on comprendre des choses si visiblement vraies que personne ne peut ignorer? Aussi ma volonté expresse est que vous devez expliquer tout ceci bien nettement et sans détours aux ministres et leur dire précisément que, vu toutes les circonstances susdites, il m'était absolument impossible de promettre ni de donner de grands secours à l'armée d'Hanovre; que je ferais en fidèle allié de l'Angleterre ce que je pourrais, en donnant de petits secours à cette armée,2 quoique cela même ne saurait se faire sans m'incommoder; mais qu'il ne fallait pas prétendre à des choses moralement impossibles. Que, d'ailleurs, j'avais tout lieu d'être étonné que les ministres, voyant la nécessité absolue que l'armée ci-mentionnée fût renforcée par des secours capables de rejeter celle de France des États d'Hanovre, hésite[nt] cependant d'employer une partie de [leurs] troupes anglaises,3 qui, dans le moment présent, où elle4 n'a rien à craindre d'aucune descente, ne lui rendent aucun service et sont des hors-d'œuvres, pendant que les Français font usage de toutes leurs forces et qu'ils attaquent les alliés de l'Angleterre avec toute leur puissance et celle des plus considérables puissances de l'Europe pour écraser ceux-là.

Enfin, ma volonté expresse est que vous devez représenter tout ce que dessus fort nerveusement aux ministres, et ne saurais pas, au surplus, vous cacher que, comme je connaisse trop la haute pénétration de ces ministres et leur zèle pour la bonne cause commune, je ne puis pas m'imaginer comment ils savent envisager tout cela avec tant d'indolence. C'est aussi pourquoi je ne veux point vous cacher qu'il me paraît impossible que ce ministère pourrait se refuser à l'évidence des raisons que moi et mes ministres vous ont tant de fois suggérées, et que je commence de prendre par là des soupçons, sans faire tort à votre fidélité reconnue, que vous ne vous êtes point acquitté de vos ordres et de vos représentations avec toute la vigueur et dextérité nécessaire. Je vous en avertis, afin d'y prendre garde et de parler clairement aux ministres, quand je vous l'ordonne expressément, pour ne pas m'obliger à envoyer là quelque autre personne qui a les qualités requises pour s'exprimer avec nerf, quand les occasions le demandent nécessairement,



1 Vergl. S. 207.

2 Vergl. S. 202. 204.

3 Vergl. Nr. 9736.

4 L'Angleterre.