9832. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Breslau, 9 [mars 1758].

Mon cher Frère. Je suis si content de tout ce que je vous vois faire, que, si j'étais à côté de vous, pour vous dire à chaque moment ce que je pense, cela ne pourrait pas être plus conforme à mes idées.<297> Voyez-vous, cela est un grand article pour nous, de chasser le Clermont; mais s'il y a moyen d'englober l'armée de Soubise dans sa déroute, nous avons tout gagné. Tâchez donc, mon cher frère, d'y faire votre possible, comme vous l'avez commencé. Vos manœuvres de là-bas décideront à la fin de la guerre et mettront la balance de notre côté. Vous vous couvrez de gloire, et assurez par vos actions ce que j'ai toujours pensé de vous.

J'ai ordonné à Borcke297-1 de vous payer, comme général commandant de l'armée de Saxe,297-2 1000 écus par mois pour votre table; il vous faudra, outre cela, encore trois aides de camp. Je vous enverrai Œlsnitz pour prendre vos camps sous votre direction. Il vous faudra, outre cela, les majors de brigade etc. C'est de quoi je vous entretiendrai dans quelques jours dans une lettre séparée.297-3

Il faudra vous hâter de tirer les contributions et les quartiers d'hiver, car vous ne pourrez pas rester longtemps dans les environs où vous êtes actuellement.297-4 S'il plaisait au Ciel d'envoyer l'esprit de vertige à cette armée des Cercles, et si elle se mettait à courir aussi, cela serait admirable, mais ce serait en demander trop.

J'ai écrit au Duc297-5 que les Français ne pouvaient pas établir de nouveaux usages à la guerre, et qu'où nous trouvions de leurs malades, je les tenais censés mes prisonniers, et qu'ils n'en avaient à jeter tout l'odieux sur moi.

Adieu, mon cher frère, soyez sûr que je prends une sincère part à toutes les bonnes choses que vous faites, et que l'on ne saurait être avec plus de tendresse et de considération que je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Si vous pouvez enrôler quelques centaines de déserteurs français pour mes bataillons francs de la Silésie, vous me ferez plaisir de me les envoyer.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



297-1 Befehl an den Minister von Borcke, d. d. Breslau 10. März.

297-2 Vergl. S. 303

297-3 Vergl. an Prinz Heinrich unter dem 2. April.

297-4 Vergl. S. 278. Anm. 4.

297-5 Vergl. Nr. 9830.