9943. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Grüssau, 18 avril 1758.

Monsieur mon Cousin. Les lettres que Votre Altesse m'a faites du 10 et du 11 de ce mois, m'ont été fidèlement rendues par le courrier qu'Elle en avait chargé.

Je pense que vous avez appris à connaître ce que sont que les Français, et que vous en jugerez par ce que vous en avez vu tant à l'affaire de Rossbach qu'à votre propre expédition contre eux. Enfin, vous conviendrez que ce sont des gascons tumultueux et sans ordre, dont on a toujours bon marché, quand on les pousse vivement. J'avoue que j'aurais bien aimé, et qu'il aurait été à souhaiter qu'on eût pu chasser entièrement ces gens-là au delà du Rhin, parceque cela aurait fait une grande impression sur les Hollandais et sur d'autres encore. Et comme cela n'a pas été possible, j'avoue encore que le cas de Votre Altesse est à présent plus embarrassant qu'il n'aurait été, quand les Français auraient été tout-à-fait rejetés au delà du Rhin. Quoiqu'aussi ces gens-là n'aient point de canon à Wésel, il me paraît cependant que ce n'est pas une affaire à entreprendre de vous que d'assiéger Wésel. Dans cette supposition, je ne vois pas d'autre dessein que Votre Altesse puisse former devant l'ouverture de la campagne, sinon que, si l'ennemi voulait tenter l'entreprise de passer en force en deçà du Rhin, que vous l'y rejetiez brusquement.

En attendant, mes lettres de Londres m'assurent que l'Angleterre aura à sa solde 50,000 hommes effectifs en campagne dans l'armée alliée, auxquels le roi d'Angleterre, comme électeur, s'engagera de joindre encore 5000 hommes, pour former en tout une armée de 55,000 hommes. Qu'outre cela on y était résolu de faire incessamment une diversion sur les côtes de la France,390-1 pour empêcher que cette puissance ne se remontre en force en Allemagne et pour vous en débarrasser. Si cela s'exécute, et qu'on en prend en quelque façon le conseil avec vous,<391> cela effectuera peut-être que vous sauriez chasser entièrement les Français du pays de Hanau. Mais voilà aussi tout ce qu'on en pourra espérer.

Quant à mes troupes sous le commandement du prince de Holstein,391-1 Votre Altesse peut être assurée que je vous les laisse encore avec plaisir à votre disposition, afin que vos affaires continuent d'aller bon train, vu que cela importe à moi-même considérablement. La seule raison qui pourrait me forcer de retirer à moi ces troupes, est quand je me verrais pressé des Russes et qu'ainsi je me verrais obligé de courir au plus pressant.

Pour vous aider de mes lumières par rapport à votre plan de campagne, ce sera une chose bien difficile de vous en dire mes idées, par des raisons que vous comprenez vous-même.

Au reste, après que Schweidnitz est pris, je me mettrai demain en marche, et je pense d'être le 4 ou le 5 de mai auprès d'Olmütz, où alors il faudra bien que les choses se décident en peu de temps.

Je fais mes remercîments à Votre Altesse de ce qu'Elle veut bien m'aider dans la levée des bataillons francs, dont je serai bien aise.391-2

J'ai parlé au général-major Yorke, afin qu'à son retour il passe chez vous, pour vous mettre au moins au fait de la façon de penser des Anglais.

Pour finir, je me réfère surtout à cette ample lettre que j'ai faite en dernier lieu à Votre Altesse, et que Son adjudant le sieur de Bülow Lui aura apparemment déjà rendue,391-3 étant, d'ailleurs, avec cette estime et l'amitié la plus sincère que vous me connaissez, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon cousin

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



390-1 Vergl. Nr. 9945.

391-1 Vergl. S. 339.

391-2 Vergl. S. 341.

391-3 Vergl. Nr. 9925.