<204> supporte qu'avec la plus cruelle amertume. Si le terrain n'était pas aussi difficile dans ces contrées, j'aurais pu mettre une fin plus prompte à tant de calamités; mais les considérations qui m'arrêtent, sont valables, et je me flatte que nos malheurs tirent à leur fin.

Voilà, mon cher frère, tout ce que je puis vous dire à présent, pour satisfaire votre curiosité. Ma cavalerie a fait des merveilles et des prodiges, mon infanterie que j'ai amenée de Silésie, de même.

Je vous embrasse de tout mon cœur, vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, mon cher frère, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


10265. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Blumberg, 1er septembre 1758.]1

Chiffre!

Toutes mes armées sont à présent dans un état critique et la vôtre par conséquent, je le sais, je le sens; mais dans le moment présent, quoi que je veuille faire, il m'est impossible d'y porter remède. Je suis obligé de tenir bon ici jusqu'à ce que j'oblige ces bêtes féroces à repasser Landsberg. Tout ce qu'il y avait en Poméranie et dans la Nouvelle-Marche, s'y rassemble à présent. J'ai fait une marche, et vous me connaissez assez pour ne me pas soupçonner de timidité; mais les marais et les bois de la Warthe sont plus dans mon chemin que l'ennemi. Demain, je pousserai un corps en avant, mais, malgré toutes les manœuvres que je pourrai faire, il ne faut point se flatter que je réussisse avant le 6 de ce mois. Alors mon dessein est de joindre le margrave Charles vers Kottbus, Zieten2 et le prince François et de marcher avec tout cela sur les Autrichiens, que j'espère trouver vers Mühlberg ou dans des plaines. Voilà tout ce que mes circonstances me permettent de faire; pourvu que je sois aussi vite débarrassé de ces gens-ci, j'espère que le reste ira bien.

Il n'y a pas le mot à dire sur votre conduite, mais par ce que j'ai vu ici le 25, je me crois obligé de vous dire de tenir votre infanterie sous une sévère discipline, de leur faire NB. respecter le bâton et de prendre dans votre armée tous les canons, de tout calibre, que le temps vous permettra d'y rassembler.

Federic.

Nach dem Concept. Eigenhändig.



1 Das Datum nach der Ausfertigung.

2 Auf einem Berichte Zieten's, Lieberose 1. September, befindet sich rückseitig die Weisung: „Weil Ich nicht gern sehe, dass Mein Land Fourage [liefert], so möchten sie nach Sachsen vorrücken; bei Lübben und daherum können alles decken und aus Sachsen leben.“ Auf eine Meldung Zieten's, Lieberose 2. September, dass er nach Lübben marschire, bemerkt der König rückseitig mit eigener Hand: „Ich marschire auch darhin.“