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10301. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Gross-Dobritz, 10 [septembre 1758].

Mon cher Frère. J'ai aujourd'hui reçu toutes vos lettres; mais les chasseurs, au heu de prendre le chemin le plus court, ont pris de grands détours, ce qui me les a fait tenir plus tard. Veuille le Ciel que Daun passe la rivière, et qu'il ait ordre de tenter quelque chose! Ce serait mon salut.

J'envoie Wensen1 à Dresde, pour que je trouve la munition qui me sera nécessaire. Il en faut beaucoup, parceque malheureusement nos coïons, dans le milieu de l'action, disent qu'ils n'ont point de poudre; ils la tirent mal à propos pour s'en défaire, de sorte que, dans toutes les actions à présent, j'ai un Pulverwagen derrière chaque bataillon.

Vous me dites que votre terrain est trop étendu; occupez bien la première ligne, et si l'ennemi passe la rivière, j'aurai soin de la seconde et de la réserve.

Je dînerai demain chez vous, à Dresde, si vous le voulez bien. Je n'amènerai que Seydlitz avec moi, et si vous pouvez en sûreté vous absenter du camp2 pour deux heures, je vous prie de venir à Dresde, mais de prendre en même temps de si bonnes mesures que vous soyez d'heure en heure informé des moindres mouvements des ennemis.

Mon camp de toute l'armée sera demain à un quart de mille de Kaditz,3

Adieu, mon cher frère; je me réjouis véritablement de vous revoir et vous prie d'être persuadé de la parfaite tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


10302. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Dobritz, 10 septembre 1758.

J'ai eu le plaisir de recevoir toutes vos lettres. Je suis assez bien informé de la position de Daun et de celle de Laudon, mais il faut nécessairement que ces gens aient encore un projet, et cela ne peut être que sur Dresde ou pour vous obliger de quitter cette ville. Je ne crois pas qu'ils vous attaquent en front, mais je pense qu'ils voudront vous tourner par votre droite. Ma présence empêche ces gens-là de faire un pont à Pillnitz, mais il n'en est pas de même de celui de Radnitz4 et de Schandau. Quant au pont de pontons, je sens bien que nous n'en avons pas besoin actuellement. Demain, mon armée avancera, et en peu de jours il faudra que tout ceci se décide.



1 Wohl Wendessen, der Adjutant des Königs.

2 Aus dem Lager von Gamig. Vergl. S. 203. Anm. 5.

3 Nordwestl. von Dresden, am rechten Elbufer.

4 So. Es ist wohl Raden (Rathen) unterhalb Schandau gemeint.