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Vous me demandez des nouvelles des Russes. Ils ont été bien battus et traités cruellement; nos gens n'ont fait presque quartier à personne. Ils ont laissé 26,000 morts sur la place, 2000 prisonniers, 6 généraux, 103 canons, 25 drapeaux, 82 officiers; mais malgré cette perte, il leur reste près de 40,000 combattants, ce qui n'est pas un petit embarras pour moi. J'ai fait une relation de cette affaire,1 fort à la hâte, mais il est impossible de comprendre cette relation, à moins que de voir le plan. Les Russes ont les officiers les plus ignorants qu'il y ait dans l'univers dans le métier de la guerre; leurs généraux ne font que des fautes grossières; le commun soldat a de la valeur. Depuis 502 ans, cette armée est sans cesse victorieuse; mais si elle recevait une couple de corrections comme la dernière, cela deviendrait la plus méprisable troupe de l'univers.

Avant que de dépêcher la personne en question, je lui donnerai encore une lettre, parceque je crains3 qu'ensuite messieurs les cercles ne nous barrent le chemin.4

Adieu, chère sœur, mon cœur et mes vœux sont pour vous. Veuille le Ciel que vous ne me causiez plus de larmes, et que la continuation de votre reconvalescence me rassure entièrement! Je suis avec la tendresse la plus inviolable, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


10304. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Gross-Dobritz,] 10 [septembre 1758].

Ma très chère Sœur. Votre homme veut partir; je ne saurais ie congédier, sans lui donner encore cette lettre. Je l'ai questionné sur tout ce qu'il sait et ne sait pas. Il m'a dit qu'il ne vous a pas vue. Je vous supplie en grâce, si vous m'envoyez quelqu'un, qu'il vous voie, avant que de partir. Je croirai au moins retrouver dans ses yeux l'image de celle que mon cœur adore. Enfin, ma chère sœur, je commence à me flatter sur votre guérison, et cette idée met du moins un peu de baume dans mon sang; pour Dieu, ne démentez pas mes espérances! Ce serait un faux bond terrible, et ces sortes de rechutes dans les chagrins tuent.

J'irai demain dîner à Dresde chez mon frère Henri.

Je vous envoie, ma chère sœur, une sottise, qui m'a passé par la tête, pour vous amuser.5 Vous direz en la lisant: Eh! qu'il est foux!



1 Vergl. Nr. 10243,

2 Der König hatte erst 40 geschrieben, dann in 50 verändert. Er will die Siegeszeit jedenfalls mit der Schlacht bei Pultawa (27. Juni 1709) beginnen lassen.

3 So; statt „crois“ .

4 Weil der Briefüberbringer, falls er angehalten wurde, nur den folgenden, ganz unpolitischen Brief vorzeigen sollte.

5 Der Herausgeber der Œuvres (Bd. 27. I. S. 320) nimmt an, dass die Epistel an Phyllis (Bd. XII, S. 84) hier an die Markgräfin übersandt sei. Aber der Charakter dieses Gedichtes lässt sich mit den obigen Worten des Königs nicht vereinen, auch ist die Epistel während des Feldzuges in Mähren geschrieben, wogegen die fragliche Dichtung oder Prosaschrift eine erst vor ganz kurzer Zeit entstandene scherzhafte Arbeit sein muss. Man könnte am ersten an die „Lettre de la marquise de Pompadour à la reine de Hongrie“ denken. Catt's Bemerkung auf einem Druckexemplar dieser Lettre „Au camp de Schœnfeld, septembre 1758“ (vergl. Œuvres Bd. 15, S. XV; vergl. auch Publik, a, d. Preuss. Staatsarchiven Bd. 22, S. 275) würde nicht dagegen sprechen, da der König sehr wohl zum mindesten einen ersten Entwurf der „Lettre“ einige Tage vor dem Beziehen des Schönfelder Lagers (13. Sept.) aufgesetzt haben kann.