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La nuit du 13 au 14, le maréchal Daun fit attaquer notre droite,1 et comme, outre une nuit extrêmement obscure, il faisait un brouillard très épais, des pandours, ayant délogé nos bataillons francs qui étaient tout-à-fait à l'extrémité de notre flanc, se glissèrent par là dans le village et y mirent le feu, ce qui obligea les bataillons qui avaient couvert son flanc, de l'abandonner et de se retirer au delà du village, Les Autrichiens tentèrent par quelques reprises de le passer, mais ils furent repoussés tant par notre infanterie que par notre cavalerie. En même temps, le général de Retzow fut attaqué par le prince de Durlach; mais, après avoir repoussé l'ennemi et lui avoir fait 300 prisonniers, il vint pour joindre l'armée, dont la gauche fut attaquée au même temps qu'elle reçut ordre de renforcer la droite, ce qu'ils exécutèrent. Au bataillon de Kleist près, qui, s'étant trop avancé pour repousser l'ennemi, ne put rejoindre l'armée et fut obligé de mettre les armes bas, le poste de la droite a été soutenu depuis 4 heures et demie jusqu'à 10 heures, où l'armée reçut ordre de se retirer. Le général de Retzow s'y est joint, et elle occupe à présent le poste de Preititz2 et de Doberschütz.

Nous avons perdu le maréchal Keith et le prince François de Brunswick, auxquels nous ne saurions assez donner de regrets. Le prince Maurice d'Anhalt est blessé, et voulant se faire transporter en carrosse à Bautzen, il a été fait prisonnier. Le général de Geist est blessé au bras, Krockow des cuirassiers à l'épaule. Le Roi, le Margrave3 et tous les généraux qui s'y sont trouvés, ont reçu ou des contusions ou ont eu des chevaux blessés.

Nous ne pouvons pas évaluer notre perte au juste, mais l'on peut compter, sans se tromper, qu'elle ne passe pas les 3000 hommes. La nuit a empêché les régiments de la droite de détendre les tentes, qui nous ont beaucoup incommodés, et qui, par conséquent, ont été perdues. Mais ce sont des malheurs qui dans ce grand jeu de hasard qu'on nomme la guerre, sont quelquefois inévitables. Nous avons environ 500 prisonniers de l'ennemi, parmi lesquels se trouve le général marquis de Vitelleschi.

L'on espère de donner dans peu de meilleures nouvelles au public.

Nach der eigenhändigen Niederschrift des Königs.


10430. AN DEN GENERALLIEUTENANT GRAF DOHNA.

Doberschütz, 16. October 1758.

Ich habe Euren Bericht vom 12. dieses wohl erhalten, und ist wohl das vornehmste, worauf es bei dem Rüsch'schen Regiment4 an-



1 Vergl. dagegen die falsche Angabe in den, nicht eigenhändigen, Schreiben S. 306. Anm. 5.

2 Oestl. von Doberschütz. Vorlage: Breititz.

3 Markgraf Karl.

4 Die schwarzen ostpreussischen Husaren.