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10559. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Prinz Ferdinand berichtet, Münster io. November: „Les ennemis paraissent maintenant vouloir prendre les quartiers d'hiver; l'armée Contadienne repassera apparemment pour la plus grande partie le Rhin; mais Monsieur de Soubise fait des dispositions pour se soutenir derrière la Lahn.

Je compte de l'en débusquer et n'attends pour cela que le moment que l'armée du maréchal de Contades ne sera plus à portée de s'en mêler. Je m'y prépare dans le plus grand secret, personne n'ayant connaissance de mon dessein. Je destine à cette expédition 23 bataillons et entre 30 et 40 escadrons. Si je réussis, je pousserai jusqu'au Main. Je serai en état, en peu de jours, de mettre mon plan devant les yeux de Votre Majesté, pour Lui en demander Sa très gracieuse approbation.

Mes lettres d'Angleterre ne parlent que de guerre; il me semble, cependant, qu'on devait prendre des mesures plus fortes pour la soutenir contre la France en Allemagne. Si cette couronne recrute pendant l'hiver, comme il est probable, tous ses régiments, elle pourra agir du moins avec 130,000 hommes contre l'électorat de Hanovre et contre la Hesse. L'armée que je commande, ne pourrait résister à une force si supérieure, si elle fût réunie; elle le pourra encore moins, si l'ennemi agit avec deux armées, comme il n'y a pas moyen d'en douter. On pourra faire de petites augmentations dans les différents corps qui composent l'armée alliée. Peut-être le ministère britannique 5era-t-il à portée à faire passer encore la mer à quelques bataillons et à quelques escadrons. Par quoi j'aurais à peu près 60 bataillons et 80 escadrons à opposer à l'ennemi, et je pense que cela suffira pour tenir face à l'ennemi sur le Bas-Rhin, où il portera vraisemblablement ses plus grandes forces. Mais il paraît d'une nécessité indispensable de couvrir, en même temps, la Hesse, et de faire agir, par conséquent, une année de 20 ou

Dresde, 21 novembre 1758.

J'ai reçu votre lettre du 10 de ce mois. Notre campagne, mon cher, est finie et s'est terminée par faire lever six sièges à la fois : celui de Colberg par les Russes, celui de Neisse et Cosel par les Autrichiens; vous devez y ajouter les trois derniers : celui de Dresde par Daun, celui de Torgau par Hadik, celui de Leipzig par l'armée des Cercles, de sorte que je me trouve dans la même position et dans l'état où j'ai été l'année passée.

Vous ne pourrez rien faire de mieux que d'exécuter le projet que vous avez fait pour chasser le prince de Soubise de la Lahn. Comme je ne connais point du tout ce pays-là, je ne suis pas en état de vous en rien dire; mais je crois que, si vous le prendrez par derrière, comme si votre intention était de le couper du Main et du Rhin, que vos succès en deviendront plus considérables et vos avantages plus grands.

Pour ce qui regarde la campagne qui vient, j'avoue que je suis très embarrassé qu'en dire. Tant que vous ne pourrez pas vous rendre maître de Wesel, il est impossible que vous puissiez vous soutenir, en passant le Rhin, de l'autre côté. Les Hollandais ne sont pas assez portés pour l'augmentation,1 de sorte que le passage du Rhin, qui d'ailleurs est très difficile, ne vous mènerait qu'à vous y soutenir quelques mois avec bien de la peine;



1 Die geplante Vermehrung der holländischen Armee. Vergl. S. 24; Bd. XIV, 554; XVI, 436.