<80> il n'y en a point. Pensez à l'État et à notre patrie qui serait peut-être exposée aux plus grands malheurs, si, dans le cours de cette terrible guerre, nos neveux1 tombaient en tutelle; pensez, enfin, que tous les hommes sont mortels, et que nos liaisons les plus tendres, nos attachements les plus forts ne nous garantissent pas de la loi commune qui est imposée à notre espèce, et qu'après tout, notre vie est si courte qu'elle ne nous laisse pas même le temps de nous affliger, et qu'en pleurant les autres, nous pouvons croire, sans nous tromper, que dans peu on nous pleurera à notre tour.

Enfin, mon cher frère, je ne veux ni ne puis m'étendre sur le triste sujet de cette lettre; je crains pour vous, je vous souhaite longue vie et bonne santé, et je souhaite en même temps que la multitude de vos occupations et la gloire que vous acquerrez, vous servent à vous distraire d'objets qui ne peuvent que vous percer le cœur, vous affliger et vous abattre, étant avec une parfaite tendresse et estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


10094. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH.

Smirschitz, 25 juin 1758.

J'ai été bien aise d'apprendre par votre rapport d'aujourd'hui que le feu de canon que nous avons entendu hier,2 a été de nos batteries et a empêché l'ennemi de faire de nouvelles embrasures. Après-demain, je compte que nos bataillons arriveront de la Silésie;3 pour lors, la ville sera enfermée de l'autre côté, comme il faut, et ce qui est de ce côté ici, j'en aurai soin; vous pouvez être en toute sûreté là-dessus. Vous n'avez plus besoin d'envoyer vos patrouilles jusqu'à Tobitschau, les miennes y vont tous les jours; j'ai fait placer d'ailleurs une grande garde de camp entre Senitz et Prikas4 qui pourra m'avertir de tout ce qui se passe à Littau et de ce qui voudrait marcher à Krœnau et Horka. Il est cependant nécessaire de ne plus laisser fourrager les chevaux du train des vivres sans ordre, mais avec de l'ordre et une escorte suffisante, comme il convient.

Il ne faut pas que le train fourrage sans escorte au delà d'un quart de mille.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.5



1 Die Prinzen Friedrich „Wilhelm und Heinrich.

2 Vergl. Nr. 10092.

3 Vergl. S. 79.

4 Nordöstl. von Gross-Senitz.

5 In einem nicht eigenhändigen Schreiben vom 26. Juni lässt der König dem Feldmarschall erklären, dass die von Dieskau ausgesprochenen Wünsche für die Artillerie jetzt nicht erfüllbar seien; es sei auch zur Stunde nicht Zeit, an die Vergütung der verlorenen Officiersausrüstungen zu denken, „il faut premièrement que la ville soit prise“ .