9993. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Au Quartier de Smirschitz, près de Prossnitz, 13 mai 1758.

J'ai vu avec toute la satisfaction possible ce que Votre Altesse a bien voulu prendre la peine de me marquer par Sa lettre du 3 de ce mois,13-1 et vous félicite du succès que vous avez eu avec le landgrave de Hesse-Cassel, pour l'engager à prendre des mesures vigoureuses, pour défendre son pays contre les Français.13-2

Je trouve tout ce que vous me dites par rapport au passage du Rhin à tenter, très bien pensé; mais si j'ose me fier aux avis que je reçois de Hollande, les Français pourraient bien abandonner Wésel,13-3 quand vous pourrez détacher 7 à 8000 hommes, pour passer le Rhin et aller vers Cleves. Si vous croyez la chose faisable, j'en serai d'autant plus aise que je ne doute pas que les Français alors quitteront Wésel et le pays de Clèves, par où vous sauverez mes pauvres sujets-là d'une contribution de 6 à 700,000 écus, que les Français veulent encore en extorquer.13-4

Pour ce qui regarde, d'ailleurs, vos affaires, vous observerez, je vous en prie, que, s'il vous faut du temps encore, pour vous former et pour faire vos arrangements, il faut au moins le même temps aux Français, pour faire les leurs et pour pouvoir se former et se rassembler; de plus, quand ces gens garderont Wésel, il est bien sûr, comme vous le jugez très bien vous-même, que les difficultés pour relancer l'ennemi seront d'autant plus grandes. Mais si vous pourrez avoir Wésel, et que d'ailleurs mon frère Henri exécute heureusement le plan que je lui ai suppédité,13-5 et qui est, à ce que je veux bien vous dire confidemment, de laisser un corps suffisant, pour s'opposer à ce qu'il y a de troupes autrichiennes vis-à-vis de lui aux frontières de Bohême, et qui ne sont pas en grand nombre, et de tomber lui-même tout d'un coup avec tout le reste sur les troupes des Cercles qui se sont assemblées dans le Baireuth et le Bamberg, pour les disperser au mieux, je<14> suis assuré que cela dérangera entièrement tous les projets des Français et rendra beaucoup plus faciles vos opérations.

Quant à mes affaires ici, vous saurez que Daun a quitté la Bohême, pour marcher dans la Moravie. Le lieutenant-général de Fouqué arrivera le 14 avec le premier convoi d'artillerie,14-1 auquel les autres suivront, de sorte que le dernier convoi d'artillerie et tout ce qu'il faut pour faire le siège d'Olmütz, arrivera le 18. J'ai déjà pris ma position de façon que je pourrai prendre la ville, sans que l'ennemi pourra me forcer à une bataille, mais, avec tout cela, la prise ne pourra se faire à vue du pays avant le 10 de juin. Comme l'ennemi avait posté un corps de cavalerie et de troupes légères entre 5 et 6000 hommes à Wischau, pour nous observer, je suis allé aujourd'hui avec un corps de 3000 et ai fait rebrousser bien brusquement ce corps au delà de Wischau, en sorte qu'il s'est enfui tout droit vers Brünn.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



13-1 Dieser Bericht ist gedruckt in: Westphalen, Geschichte der Feldzüge des Herzogs Ferdinand von Braunschweig, Bd. II, S. 363—364.

13-2 Vergl. Bd. XVI, 372.

13-3 Vergl. Bd. XVI, 435.

13-4 Vergl. Bd. XVI, 241.

13-5 Vergl. Bd. XVI, 304.

14-1 Vergl. S. 6.