10215. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Plothow, 17 août 1758.

De tout ce que vous m'écrivez en date du 14 de ce mois, je juge que l'ennemi fait tout ce qu'il peut pour vous donner beaucoup de jalousie du côté de la Saxe, afin de faciliter les opérations des Russes.

Vous saurez qu'après avoir bombardé Küstrin, sans l'avoir pu prendre jusqu'à présent, ce qui y a causé un grand incendie, ils sont sur le point de passer l'Oder. Toutefois, je ne puis joindre Dohna que le 22 de ce mois; ainsi, à moins de ne vouloir tout perdre, je n'oserais vous renvoyer les dix escadrons175-2 qu'après la jonction. Le margrave Charles aura l'œil sur le corps qui pourra vouloir pénétrer en Lusace, et avant qu'il puisse être en atat d'entreprendre quelque chose en force, mon affaire avec la Russie sera décidée, qui paraît à présent la plus importante à tous égards.

Ayez toutes vos attentions à ne vous pas laisser couper de l'Elbe, ce serait le plus mauvais tour que l'on pourrait vous jouer. Quant au reste, je crois que toutes ces manœuvres ne sont que pour vous amuser; elles pourraient devenir sérieuses avec le temps, mais j'espère alors d'être en état de vous aider et de m'y opposer conjointement avec vous.

Federic.

Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.



175-2 Vergl. S. 171. 173.