10232. RELATION.184-3

Notre dernière relation184-4 a contenu les détails de la retraite de l'armée du Roi jusqu'à Kœniggrætz. Nous y ajouterons à présent la marche en Bohême, et ce qui en ont été les suites.

Après que le général-lieutenant de Retzow eut battu le corps du général de Saint-Ignon qui l'attaqua auprès de Holitz,184-5 et qu'il eut rejoint l'armée à Kœniggrætz, le Roi détacha le lieutenant-général Fouqué avec 16 bataillons et 15 escadrons pour occuper le poste de Nachod et les gorges de la comté de Glatz.184-6 Le Roi marcha lui-même à Opotschno, dont le général Laudon fut chassé avec perte d'un capit[aine] et de 100 pandours qui furent faits prisonniers.184-7 Le 22 de juillet, le maréchal Daun prit son camp sur les hauteurs de Libischan. Ce camp était inattaquable par son front et par ses ailes.

Des raisons dont on verra bientôt les suites, obligèrent le Roi de<185> quitter la Bohême et de se retirer en Silésie. Cette retraite se fit de la manière suivante :

Le 26, l'armée quitta le camp de Kœniggrætz; la nuit du 25 ou 26, le régiment de Panwitz,185-1 qui occupait le faubourg au delà de l'Elbe, fut attaqué par des pandours. Le malheur voulut que le général de Saldern185-2 et le colonel de Blanckenburg,185-3 qui avait les dispositions de la retraite, furent tués à la première décharge. Cela fit que les officiers qui ne connaissaient pas tous les postes, ne les retirèrent pas avec l'ordre et selon la disposition que les commandeurs en avaient, et ils oublièrent un poste où il y avait 2 canons et 28 hommes, qui tombèrent entre les mains des ennemis. D'ailleurs, la retraite se fit sans perte. L'ennemi détacha la valeur de 3000 hommes après notre arrière-garde, mais ils furent si bien tenus en respect que même on les chassa des hauteurs de Libritz où ils voulaient se former.

Le 28, l'armée passa la Metau,185-4 et nos hussards firent 50 prisonniers sur ceux de l'ennemi. Nous prîmes le camp de Jassena,185-5 où il ne se passa rien de remarquable. Le lieutenant-général de Retzow fut détaché vers les hauteurs de Studnitz, d'où il chassa le général Jahnus.

Le 1er d'août,185-6 l'armée marcha à Skalitz. Le lendemain,185-7 une montagne qui était au delà de sa droite occupée par le bataillon franc de Le Noble, fut attaquée par 8000 hommes sous les ordres du général Laudon. Le Noble les repoussa, et soutenu ensuite par un bataillon de grenadiers, cela acheva de mettre l'ennemi en déroute. On leur prit 4 officiers et 67 hommes. L'armée se campa le 6 à Wissoka,185-8 le 7 à Pölitz et le 9 à Landshut, sans voir d'ennemis.

C'est de là dont un détachement est parti sous les ordres du Roi pour joindre l'armée du lieutenant-général de Dohna. Nous nous sommes mis en marche le 11. Le 20, nous sommes arrivés à Francfort, le 22, la jonction des troupes s'est faite au camp de Küstrin, le 23, nous avons passé l'Oder à Güstebiese,185-9 et nous avons pris notre position entre Zellin et Klossow. Cette marche qui était de 4 milles, avait très fort fatigué l'armée, surtout si l'on réfléchit au passage de rivière et aux<186> peines que l'on eut à construire le pont. Le 24, nous n'avons marché que l'après-midi; pour nous approcher de l'ennemi, notre avant-garde se porta sur la Mietzel186-1 et l'armée au village de Darmietzel. Par ce passage de rivière, nous avons coupé l'armée russienne de tous les gros détachements qu'elle a faits tant à Kœnigsberg186-2 qu'à Schwedt et vers Freienwalde. L'on amène quantité de prisonniers à notre armée.

Demain, cela en viendra à une action décisive. Les mesures se prennent avec tant de justesse qu'il ne faut point douter que cela ne réussisse à souhait.

Les Moscovites font une guerre de barbares dans les États du Roi; ils brûlent tous les jours des villages, ils pillent d'une façon inhumaine, ils tuent des femmes, des enfants, des vieillards et commettent des horreurs qui font frémir la nature. L'on a eu naguère des nouvelles de Pétersbourg qui marquent que 5 officiers et 200 prisonniers qu'ils avaient de la bataille de Jægerndorf, avaient été envoyés en Sibérie.

Nous nous réservons de vous donner incessamment la relation186-3 de la bataille qui va se donner.

Nach der eigenhändigen Niederschrift des Königs.



184-3 Die Relation wurde, Klossow 24. August, an Finckenstein übersandt; ein erster Theil scheint schon am 16. fertiggestellt und dem Markgrafen zugegangen zu sein. Vergl. Nr. 10213. Anm. 1. Von Berlin aus ging die Relation am 26. August den preussischen Vertretern im Auslande zu. In den Berliner Zeitungen erschien die Relation Sonnabend 26. August (Berlin. Nachrichten Nr. 102), in den Danziger „Beyträgen“ Bd. VI, S. 416 ff. (mit Fortlassung des ersten Absatzes). Die drei letzten Absätze von „Demain cela en viendra“ an fehlen in den Zeitungen sowohl wie in den Danziger „Beyträgen“ . Die Zeitungen haben statt der drei Absätze nur den Satz: „Allem Ansehen nach wird es bald zu einer Hauptaction kommen.“

184-4 Vergl. Nr. 10133.

184-5 Vergl. S. 101. 108.

184-6 Vergl. S. 110.

184-7 Vergl. S. 109.

185-1 Vergl. Bd. XV, 269.

185-2 Vergl. S. 168.

185-3 Christian Friedrich von Blanckenburg, Oberst und Commandeur des Infanterieregiments Panwitz.

185-4 Der Uebergang über die Metau fand am -30. Juli statt.

185-5 Vielmehr Jessenitz, nördl. der Metau. Bei Jassena und Rohenitz, südl. der Metau, war das Lager vom 26. bis zum 29. Juli gewesen.

185-6 Der Marsch nach Skalitz erfolgte am 3. August.

185-7 Das Gefecht mit Laudon fand am 4. August statt. Vergl. S. 147.

185-8 Wissoka zwischen Skalitz und Nachod. Das Lager war vielmehr am 4, bei Wissoka, am 5. und 6. August bei Pölitz, am 7. und 8. bei Wernersdorf, am 9. und 10. bei Grüssau, am Nachmittage des 10. kam der König nach Landshut. Die falschen Daten der Relation haben auch auf die Daten in der Darstellung der „Histoire de la guerre de VII ans“ Einfluss gehabt. Vergl. Œuvres, Bd. IV, S. 200. 201.

185-9 Alt-Güstebiese, nordöstl. von Wrietzen, rechts der Oder.

186-1 Rechter Nebenfluss der Oder; an der Mietzel, nördl. von Zorndorf, liegt Darmietzel.

186-2 Königsberg in der Neumark.

186-3 Vergl. Nr. 10243.