12111. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.

Camp de Meissen, 26 mai 1760.

Secret. D'autant qu'il me parait et mes nouvelles de différents lieux me le confirment que la méfiance et les soupçons continuent de se mettre de plus en plus entre les puissances liguées contre moi, la France, la Russie et les Autrichiens, je crois ne devoir pas négliger tout-à-fait cette occasion pour [les] nourrir et augmenter, autant qu'il dépend de moi.

C'est à cette fin que je vous ordonne que vous devez tâcher, adroitement et par main tierce ou quatre [de trouver] des gens dont le ministre autrichien à La Haye ne se défie pas, et qui sont dans une espèce de liaison ou de connaissance avec lui, auxquelles vous ferez insinuer habilement et par d'autres, sans que vous y paraissiez le moindrement, de<374> forts soupçons sur de secrètes négociations qui étaient actuellement sur le tapis tant de la Russie que de la part de la France, pour parvenir chacune à une paix séparée, et que c'était le but principal du voyage que le comte d'Affry venait de faire à sa cour.

Comme il n'est pas à douter que, quand on aura mystérieusement inspiré ces soupçons aux connaissances du ministre autrichien, ceux-ci ne manqueront pas de lui en inspirer de la même façon, ce ministre ne saura guère manquer d'en communiquer à la cour de Vienne, ce qui ne ferait que du bien à la bonne cause commune. J'abandonne à votre habileté de mettre adroitement à l'exécution cette idée de ma part.

Federic.

Nach dem Concept.