<15>février à Sa Majesté Polonaise, cependant les affaires et conjonctures survenues présentement l'avaient obligé d'anticiper cet honneur qu'il s'était voulu donner, et d'autant plus que les circonstances dans lesquelles se trouvait M. de Ségur avec un gros corps de cavalerie et d'infanterie française et bavaroise dans la Haute-Autriche, et l'exposition dans laquelle était toute la Bavière pour devenir le théâtre de la guerre et être exposée aux ravages des ennemis, ne pouvaient pas être regardées des autres alliés avec un œil indifférent; et que, quoique les troupes prussiennes eussent davantage besoin de repos que celles d'aucun allié, pour avoir fait campagne 12 à 13 mois de suite, hiver et été, et avoir supporté les trois quarts de ce temps elles seules le fardeau de la guerre et toutes les forces autrichiennes, cependant, ayant trouvé indispensable, lorsqu'il s'agissait de sauver un si beau corps de troupes comme sont celles de Sa Majesté Très Chrétienne, et de secourir en même temps un allié pour lequel elle avait une si haute estime, dans ses besoins les plus pressants qui pussent jamais exister, Sa Majesté avait trouvé à ajouter à ces deux raisons, quoique plus que suffisantes, encore les suivantes, à savoir qu'il serait très préjudiciable à la gloire des armes des alliés, d'être une fois plus forts en nombre de troupes que les ennemis, et les laisser, cependant, agir offensivement et enlever des corps de troupes, villes, et forteresses, dans le temps où ils auraient dû déjà, par les opérations faisables, être rencognés dans la Hongrie et la Stirie.

De plus, que, si l'on tardait à y porter les remèdes les plus efficaces, il est constant que les ennemis s'empareraient de Passau et de toute la rivière d'Inn, jusqu'en Tirol, et du Danube, jusqu'à Ratisbonne et Donawerth, à cause de la quantité de milice légère qu'ils ont; et que, dans cette position, lorsque l'ennemi aurait pu s'emparer de Passau, Schärdingen et Braunau, les désavantages pour l'ouverture de la campagne des alliés devenaient aussi désavantageux qu'il est possible, et donneraient occasion aux ennemis de nous faire la guerre dans notre propre pays, offensivement, et d'ouvrir même la campagne de meilleure heure que nous, quoique avec un nombre de troupes réglées beaucoup inférieur. A quoi il y avait encore à ajouter, que, dans la saison présente, ce serait le seul moyen de déloger l'ennemi du poste notoirement si avantageux entre Budweis, Wittingau et Tabor, qu'on leur avait abandonné ci-devant si mal à propos, à cause que la force de ce poste consiste principalement dans la quantité d'étangs, rivières et marais qui l'entourent; que la présente gelée donnant passage à tous ces inconvénients, il paraissait indubitable de les en déloger. Que pour cet effet, puisque le tout dépendait de la promptitude de l'exécution et à profiter des circonstances, Sadite Majesté Prussienne avait accéléré son voyage, pour se porter elle-même à la tête de ses troupes, pour faire les opérations conjointement avec les autres alliés, environ de la manière suivante :