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879. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.

Camp de Maleschau, 9 juin 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. J'ai été très sensible de toutes les marques d'amitié et de confiance que Votre Majesté veut bien me témoigner dans la lettre du 5 de ce mois, et je ne manquerai jamais de La convaincre du réciproque. Comme Votre Majesté désire d'être informée de mes sentiments sur la demande de secours que le maréchal duc de Belle-Isle Lui a fait pour le maréchal de Broglie, j'ai l'honneur ne Lui dire que Votre Majesté rend certainement un service très important à la cause commune par la résolution qu'Elle vient de prendre de faire marcher de Ses troupes au secours du maréchal de Broglie, dans un temps où il se trouve pressé par la supériorité que l'ennemi vient d'avoir sur lui, par là jonction du prince Lobkowitz avec le prince Charles de Lorraine.

Votre Majesté sera sans doute informée qu'il y a déjà quelque temps que j'aurais souhaité Ses troupes plus avancées, pour être plus à portée de secourir en tout cas le maréchal de Broglie, et pour couvrir par là tout ce qui est derrière Prague; je crois même que l'ennemi n'aurait pas pensé si tôt d'aller audit Maréchal; mais comme l'état des troupes de Votre Majesté ne l'a pas voulu permettre, j'espère néanmoins que le secours qu'Elle lui destine à présent, viendra encore à temps.

Pour moi, je ferai de mon mieux pour couvrir la ville de Prague et le pays en deçà de la Moldau, mais il me sera impossible de repondre de ce qui se passe au delà de cette rivière, dont je crains des suites si longtemps que le Maréchal n'est mis en état d'agir en force et offensivement contre l'ennemi.

Votre Majesté voudra être assurée qu'on ne saurait être avec plus d'estime, d'amitié et d'attachement que je suis, etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


880. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BRESLAU.

Camp de Maleschau, 9 juin 1742.

Mon cher Podewils. J'ai bien voulu vous avertir que pour me renforcer d'autant plus en Bohême, et pour faire tête aux armées de l'ennemi, quand même les troupes françaises et saxonnes auraient quelque échec, je fais marcher actuellement ici 10,000 hommes, à savoir 4,000 de cavalerie et 6,000 d'infanterie, qui me viennent de la Haute-Silésie, où j'ai laissé néanmoins un corps de 16,000 hommes, pour y être en garde contre tout ce que l'ennemi y voudrait entreprendre. Vous en ferez part à milord Hyndford, et vous lui direz que mes arrangements sont pris de la manière que, quand même ou les Français ou les Saxons auraient quelque échec, je pourrais nonobstant de cela me