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1162. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Neisse, 6 août 1743

Mon cher Podewils. J'ai reçu votre lettre, avec les deux incluses et les soi-disantes propositions des Français. Le parti que mes hautes lumières, comme il vous plaît de les nommer, prendront dans cette affaire, sera de faire venir Hyndford à Glogau; qu'il y soit le 11 — voyage qui dilatera sa rate, et lui fera, ainsi qu'à tout Anglais, un bien infini. Après qu'il m'aura débité sa marchandise, je lui ferai un compliment très obligeant et lui marquerai toute l'étendue de l'obligation que j'ai au Roi britannique et à la hongroise Reine de leur cordialité à mon égard. Après avoir amplifié ce compliment avec la sauce la plus convenable, j'ajouterai qu'ayant fait ma paix avec la reine de Hongrie, je suis entièrement au repos pour ce qui la regarde, et qu'ayant la garantie du roi d'Angleterre et de toute la nation anglaise, je n'ai rien à craindre de la mauvaise volonté des Français; que je connais trop le roi d'Angleterre et la reine de Hongrie pour jamais oser soupçonner qu'une chose aussi infâme, aussi noire, aussi perfide que celle de m'attaquer après les traités les plus solennels et après les garanties les plus inviolables, puisse leur venir en tête; ainsi, que je me repose entièrement sur leurs serments, comme ils pourront se reposer sur les miens. Qu'ils se fassent la guerre tant qu'ils voudront, pour moi, je n'y entrerai ou m'appeliez fanfan.

J'ajouterai à Hyndford de faire force compliments à Carteret, de lui dire que j'irai voir ma sœur d'Anspach, et que, s'il avait quelque chose d'autre à me dire, c'en serait le lieu.

J'ajoute ici1 la critique des propositions françaises et les contradictions qui se trouvent dans les ouvertures de Carteret et qui me font croire que la broderie anglaise a renchéri sur la fourberie française.

Instruisez Klinggraeffen pour qu'il s'informe si telles propositions se sont faites à Mayence, et cela par un courrier;2 qu'il réponde de même.

La raison de ma sécurité dans cette occasion vient premièrement du bon état de mes arrangements militaires, de la faiblesse des Autrichiens, de l'impuissance des Français, et de l'impossibilité où se trouve le roi d'Angleterre de m'attaquer malgré la nation et en rompant les garanties les plus solennelles. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung (praes. 9. August). Eigenhändig.



1 Vergl. die vorige Nummer.

2 Mit Instruction und Creditiv vom 10. August wird Klinggräffen in dieser Angelegenheit an den Churfürsten von Mainz gesandt. Am 17. August ergeht ein Erlass an Chambrier in Paris, mit der Weisung, den Minister Amelot un Aufklärung in dieser Angelegenheit zu ersuchen. Vergl. über dieselbe Arneth II, 288. 523. C. Rousset, Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, Paris 1865, I, 105. 221. Droysen V, 2, 99.