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705. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.

Znaym, 22 février 1742.

Monsieur mon Cousin. La mauvaise situation dans laquelle se trouvaient les affaires de l'Empereur, m'a fait voler le plus promptement possible à son secours. Je ne vous parlerai point de toutes les contradictions que j'ai eues à essuyer à Dresde et de la généralité1 saxonne. Après avoir vaincu mille oppositions, j'ai fait marcher avec moi les troupes saxonnes jusqu'à Iglau, d'où nous avons délogé l'ennemi. Après quoi les Saxons n'ont plus voulu avancer. Cependant, après avoir couru le risque de me voir abandonné par eux, j'ai trouvé le moyen de les porter jusqu'à la Taya. Ce mouvement a produit tout l'effet que j'en devais attendre, savoir que le prince Lobkowitz se replie sur l'Autriche, et que M. de Khevenhüller sort de Bavière avec 10,000 hommes pour gagner le pont de Krems et pour se joindre à M. de Lobkowitz. Je sais que leur dessein est de couvrir Vienne et Presbourg, ce qui doit vous donner d'autant plus de tranquillité pour M. de Broglie que je le crois par ce mouvement de l'ennemi en état d'entreprendre sur Tabor.

Les raisons qui m'ont empêché d'aller à Neuhaus,2 sont que le pays entre ici et l'ennemi est tout mangé, que les Autrichiens ont des magasins assez considérables à Neuhaus, et que le poste de Wittingau est inattaquable. Je me serais vu réduit alors à décamper devant l'ennemi et à me retirer, ce qui aurait fait une très mauvaise manœuvre de guerre. D'ailleurs, Linz et Passau étant pris, nous ne saurions en délogeant l'ennemi de la Bohême regagner la communication de la Bavière. Je crois donc avoir plus effectué par mon opération de la Taya que par celle de Neuhaus, d'autant plus que mon aile gauche n'est qu'à sept milles d'Allemagne de Vienne.

Je vous envoie ci-jointes mes idées sur la campagne prochaine3 dont le succès n'est pas douteux, si l'on prend les mesures à temps, et que tout soit bien concerté.

La hauteur autrichienne vient de renaître par l'expédition de Bavière, mais, selon toutes les apparences, ce ne sera que le bon jour d'un corps hétique à qui le moindre repit enfle l'espérance, mais qui s'évanouit le jour d'après, par les nouveaux ulcères du poulmon qui se manifestent.

Je suis avec tous les sentiments d'estime et de l'amitié la plus cordiale, Monsieur mon Cousin, votre très affectionné et fidèle ami

Federic R.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



1 Sic.

2 Dieselben Griinde entwickelt ein Schreiben an den König von Polen, Znaym 20. Februar.

3 Oben S. 42.