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726. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A PRAGUE.

Znaym, 2 mars 1742.

Monsieur. Je viens d'apprendre que M. de Broglie a trouvé bon de ne plus tenir ses troupes ensemble, mais de les mettre plus au large. Selon moi, il fait mal d'éparpiller ses troupes, pendant le temps que je marche en avant avec les miennes pour obliger l'ennemi de se replier, circonstance dont M. le Maréchal devrait, à ce qui me semble, profiter, pour s'emparer de Tabor et de Budweis, où les garnisons de l'ennemi doivent être assez faibles pour ne pas pouvoir faire beaucoup de résistance, n'étant pas plus de 400 hommes à Tabor et quatre bataillons à Budweis. S'il en arrive un malheur de ce que M. le Maréchal éparpille ses troupes, cela ne sera pas ma faute, quoique j'aie lieu de croire qu'on la voudrait alors mettre sur mon compte; je m'en lave les mains, l'ayant prédit; quoique je sois persuadé, Monsieur, que vous ne manquerez pas de faire un bon usage de ce que je viens de vous dire. Je suis etc.

Federic.

Les Saxons ont abandonné Iglau le plus vilainement du monde, ils ont une peur démesurée de l'ennemi, et ils ne veulent rien faire; si César avait eu de pareils soldats, il n'eût pas conquis un village dans les Gaules.

Il y a un corps nouveau de 15,000 Hongrois à Scalitz, ce qui ne laisse pas de nous donner des attentions sur Brünn.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


727. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

Znaym, 2 mars 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. Le comte de Furstenberg m'a envoyé la lettre que Votre Majesté Impériale Lui a adressée. Je suis bien aise d'y voir qu'Elle a trouvé moyen d'engager quelques princes d'Allemagne à Lui céder leurs troupes. Je suis sûr qu'un corps de 15,000 troupes, jointes à celles du maréchal de Broglie, fera un effet admirable.

Hier nos partis ont été à deux milles de Vienne, mais un corps de 15,000 hommes de Hongrois, rassemblé à Scalitz, m'empêche de m'éloigner de Brünn, sans quoi ce secours, jeté dans la ville, nous incommoderait beaucoup et couperait notre communication avec Olmütz.

Votre Majesté Impériale ne saurait assez presser la prompte marche des Français, car sans ce point il est impossible de dégager la Bavière. J'ai ici mille chagrins avec les Saxons, qui viennent d'abandonner Iglau sans mes ordres, et j'ai de plus appris, à mon grand étonnement, que