742. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

Selowitz, 15 mars 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. Je suis charmé d'apprendre par la propre main de Votre Majesté Impériale que sa goutte va mieux, je souhaite de tout mon cœur d'apprendre toujours de bonnes nouvelles de Sa part.

Quelque envie que j'aie de dégager la Bavière, la chose a été impossible, puisque M. de Khevenhüller s'est contenté de faire un gros détachement vers Stockerau, qui s'est joint au corps du prince Lobkowitz. Il est impossible d'opérer plus longtemps que nous l'avons fait, vu la saison; et d'ailleurs les Hongrois, forts de 24,000 hommes, se sont assemblés à l'entour de Scalitz et Ungarisch-Brod. La garnison de Brünn nous coupe les subsistances, nous ruinons les troupes, et nous ne ferions aucuns magasins pour la campagne prochaine, de façon que le préalable a été de bloquer Brünn.

Je ne puis faire passer l'Elbe au prince Léopold, puisque la citadelle de Glatz n'est pas prise encore, et qu'une partie de ses troupes sont déjà entrées en Haute-Silésie.

Je prie Votre Majesté Impériale pour l'amour de Ses propres intérêts de renforcer, le plus promptement que faire se pourra, le maréchal de Broglie, de toutes les troupes qu'Elle pourra assembler; qu'Elle compte qu'il lui faut 20,000 hommes, outre ce qu'il a, sans quoi la Bohême est perdue au printemps, notre communication délabrée, mes troupes sur la <80>défensive, et les Saxons auprès de Dresde; ceci vaut des réflexions sérieuses, et doit déterminer Votre Majesté Impériale de tourner toutes Ses attentions de ce côté-là. Si le corps de Bohême est premièrement renforcé, la Bavière sera bientôt dégagée, mais Prague est le plus pressé. Je suis avec toute l'estime imaginable, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté Impériale le très bon frère et fidèle allié

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.