763. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

Selowitz, 28 mars 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. J'ai reçu avec bien de la satisfaction la lettre et les incluses que Votre Majesté Impériale m'a fait le plaisir de m'envoyer.

Rien ne sera plus salutaire pour Ses intérêts que de conclure promptement le traité d'amitié avec Hanovre, mais qu'Elle n'oublie point de se faire reconnaître roi de Bohême par cet Électeur.

Quant aux moyens pour dégager la Bavière, je ne sais si le projet de M. de Belle-Isle ne serait pas aussi propre à l'effectuer. Le grand article est de soutenir la Bohême en même temps, c'est pourquoi il faut fortifier Broglie de tout ce que l'on peut, pour qu'il puisse s'y soutenir. Je regarde le siége d'Égre comme une faute capitale, il faut que les Autrichiens soient bien bons s'ils n'en font repentir M. de Broglie. Il faudrait selon moi que les secours français ne s'éparpillassent point, mais qu'ils marchent en corps de troupes, sans quoi ils ne peuvent manquer d'être battus en détail.

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Nous manquerons presque de tout en Moravie, nous sommes entourés de hussards, qui nous empêchent de faire des magasins; le pays est ruiné par les livraisons qu'y a faites l'armée de Neipperg, la campagne passée; la Haute-Silésie est mangée, de sorte que l'embarras est inexprimable. J'écrirais bien autres choses, mais les chemins ne sont point sûrs du tout, l'interception de ce que je pourrais écrire pourrait produire de mauvaises suites.

Je suis avec tous les sentiments d'estime et considération, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté Impériale le très bon frère et fidèle allie

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.