828. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BRESLAU.

Chrudim, 5 mai 1742.

Mon cher Podewils. Dans tout ce que vous dit milord Hyndford, on voit visiblement quelle est son intention, savoir de diminuer la force et les bonnes dispositions des alliés, et de faire valoir l'Angleterre et la maison d'Autriche. Mais examinons les choses de sang-froid et entrons dans le détail de ce que peut produire cette diversion de Flandre, quand même elle aurait lieu.

Vous savez sans doute que M. de Maillebois a ordre de marcher à Liège, dès que les Anglais entrent en Flandre, et que la grande armée française se formera auprès de Dunquerque. La position de M. de Maillebois tient furieusement les Hollandais en échec, les coupant de toutes les places de la barrière et leur faisant craindre pour l'intérieur de leur pays. Cette raison rend, je le crois, les Hollandais plus mesurés que les Anglais, dont l'enthousiasme passe sur toutes les <149>considérations. Je prévois que vous me parlerez des Hanovriens : premièrement ceux-ci n'osent dégarnir leur pays, tant qu'un corps assez considérable de mes troupes les tient en échec, et qu'ils ont à craindre des Danois. Examinez, en suite, le grand poids de ces armées de tant d'alliés réunies, et qui n'attendent que la belle saison pour pousser les opérations avec vigueur. Les Hongrois ne viennent point au nombre qu'on s'en était flatté à Vienne, et il faut qu'il y ait quelque vice caché, dont nous ne connaissons pas la cause, qui produit ce changement. En un mot, loin d'être des coupables qui demandons grâce la corde au col, nous sommes des vainqueurs qui ne veulent pas abîmer des vaincus, et qui, par des raisons de politique et d'intérêt, sortons de la guerre, lorsque nous croyons en avoir trouvé le moment favorable. J'attends donc patiemment la réponse de Vienne, et je crois qu'il sera bon de dire à Hyndford, ou qu'il nous faut garantir la Frise, ou nous dédommager de ce côté ici. Vous avez jusqu'au 15 de juin à négocier tranquillement. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.