874. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BRESLAU.

Camp de Maleschau, 4 juin 1742.

Points de l'entretien que j'ai eu avec le maréchal de Belle-Isle, ou sa façon de m'interroger, avec mes réponses.184-1

1° Si la guerre devait être traînée en longueur ou abrégée?

Réponse : Abrégée, le plus que l'on peut, pour prévenir le chapitre des accidents, qui ne manquent jamais de s'en mêler, si elle venait à tourner en longueur.

Demande: Ce que je pensais sur les opérations?

Réponse: Qu'il fallait faire avancer les Saxons, et qu'après leur jonction avec Broglie, l'on pourrait agir dès que les fourrages le permettraient.

Demande : Si j'agirais aussi?

Réponse : Oui, quand la saison en serait venue, ou en cas que l'on eût à craindre pour Prague.

Demande : Si je croyais que les Hollandais se déclareraient?

<185>

Réponse : Non, d'autant plus que la bataille que j'avais gagnée leur en ferait bien passer l'envie. (Surquoi nous avons supputé les forces des Hollandais, Anglais et Autrichiens, déduit leurs garnisons, et trouvé qu'ils ne pourraient entreprendre sur la France qu'à leur grand détriment. Belle-Isle ajouta qu'assurée de mon amitié, l'armée de Maillebois pourrait tourner la Hollande, et y faire une diversion du côté de Münster.)

Demande : Si j'étais d'avis qu'une confédération se fît en Pologne contre la Russie, ou non?

Réponse : Que cela pouvait m'être in différent, mais que si cela arrivait, le trouble et la confusion redoubleraient, et que la Pologne s'attirerait les Hongrois sur le corps.

Demande : Que M. Montijo viendrait ici.

Réponse : Que nous étions trop séparés par la situation de nos États pour nous être utiles les uns aux autres.185-1 — De quoi Belle-Isle convint.

Demande : Qu'il avait ordre de s'ouvrir avec moi en confidence sur la situation critique de cette guerre, et de me consulter de quelle façon l'on pourrait faire la paix?

Réponse : Beati possidentes.185-2 Je crois d'ailleurs qu'après encore une bataille gagnée, l'Empereur pourra avoir la Bohême et le Brisgau; peut-être la Saxe la Haute-Silésie; mais que je crois que l'on viendrait difficilement à bout d'arracher plus que le susmentionné, cette année ici, à la reine de Hongrie.

Il paraît que j'ai dit en toutes mes réponses ce qu'il pensait, et que je l'ai prévenu sur tous ces points.

La France, autant que j'ai pu le remarquer, ne demande que le Montbéliard, quelques villages du Germersheim, et la démolition de Luxembourg. A savoir, s'ils ne gardent rien in petto; c'est ce qui est bien difficile à deviner. Je suis etc.

Tout ceci est fort curieux, vous connaissez assez ma façon de penser pour deviner ce que je conclus de tout ceci.

Federic.

Nach dem eigenhändigen Concept. Der Zusatz nur in der chiffrirten Ausfertigung.



184-1 Vergl. die Mittheilungen aus Belle-Isle's Bericht über diese Unterhaltung, Ranke, Sämmtl. Werke XXVII. XXVIII. S. 532.

185-1 Vergl. oben S. 6. 60. 61.

185-2 Im Original: Beatus est posedendi.