886. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BRESLAU.

Camp de Maleschau, 12 juin 1742.

Mon cher Podewils. Vos relations sous n° 24 et 25 m'ont étébien rendues. Comme celles sous n° 24 ne sont pas encore déchiffrées, et qu'apparemment il n'y a rien là-dedans qui ne se rapporte que sur le contenu de votre relation sous n° 25, je vous dis sur celle-ci que je suis satisfait de la manière dont vous avez agi avec milord Hyndford pour convenir des articles préliminaires de la paix à faire entre moi et la reine de Hongrie.

Mon intention est d'avoir une paix solide et stable avec la reine de Hongrie, sous la garantie des Puissances maritimes, et j'espère que <195>de la part de la cour de Vienne on agira avec la même droiture et sincérité que je veux agir avec elle, mon parti étant pris fermement et décisivement là-dessus.

Quant au projet de la paix195-1 tel que milord Hyndford vous l'a dicté, j'approuve qu'à la queue du premier article on mette ces paroles „la seule voie des armes exceptée“ 195-2

L'article 2 peut rester de la manière qu'il est couché dans le projet, de même que l'article 3.

Sur le quatrième article, mon intention est que les hostilités cesseront de part et d'autre dès le jour de la ratification195-3 de la présente paix, qui pour cet effet sera publiée alors. Quant à mes troupes je ne pourrai les retirer dans les pays de ma domination que pendant l'espace de six195-4 semaines, à compter du temps de la ratification, puisqu'il me faut absolument ce temps pour consumer les magasins que j'ai assemblés, en partie pour mon propre argent, et pour transporter les amas de munition de guerre et de l'artillerie que j'y ai, de même pour transporter les malades et blessés de mon armée que je ne pourrai abandonner aux soins d'autrui, et même pour faire les arrangements nécessaires pour mettre en quartier mes troupes dans le pays de ma domination. Je promets néanmoins que, dès le jour de la publication de la paix, mes troupes observeront le même ordre et discipline, comme si elles étaient dans mon propre pays.

Quant à l'article 5, je suis d'accord qu'il soit couché de la manière qu'il est marqué sous lettre B dans votre relation,195-5 et je m'en contente, vous aurez soin pourtant que la reine de Hongrie me cède avec toute souveraineté et indépendance tout ce qu'elle me cède, tant de la Haute que de la Basse-Silésie, de même que la ville et château de Glatz. C est ce qu'il faut exprimer d'une manière claire et nette, et point sujette su moindre équivoque.195-6

Dans l'article 6, il sera nécessaire que la déclaration à renouveler qu'on demande tant au sujet de la religion catholique qu'en faveur des <196>habitants des pays cédés, soit couchée de manière qu'il ne reste plus de voies à la cour de Vienne de se mêler ni directement ni indirectement des affaires de la Silésie, ni d'entretenir là un parti.196-1

Quant aux dettes hypothéquées sur la Silésie, j'acquitterai celles qui en sont dues aux marchands anglais, de la manière que milord Hyndford le propose, et encore les prétentions des particuliers qui ont prêté sur la Steuercasse,196-2 sans me mêler de ce que les marchands hollandais ont à prétendre de la reine de Hongrie, ni de ce qui est dû aux États de Brabant.

L'article 7196-3 sera observé immédiatement après la ratification de la présente paix, et je n'ai rien à dire contre le contenu des articles 8, 9 et 10.

La ratification se fera au plus tôt possible, et au plus tard en 12 ou 15 jours, à compter du jour de la signature, et l'échange des ratifications se pourra faire à Breslau.

Telle est ma résolution sur tous les articles de cette paix à faire, lesquels vous devez signer avec milord Hyndford incontinent après avoir reçu la présente, à quelle fin j'ai signé les pleins-pouvoirs ci-joints. Je suis etc.

Je crois que je tire de cette façon mon épingle le plus honorablement du jeu. Les Français, avec beaucoup de bonne volonté, se prennent si mal que jamais de la vie ils ne réussiront, et, après tout, la Haute-Silésie vaut infiniment mieux que rien. Je crois avoir compris que Hotzenplotz et ces districts de la Moravie pourraient bien aussi m'être cédés, mais cela ne vaut pas la peine de rompre. Concluez donc, si ce n'est déjà fait,196-4 et que j'aie bientôt les ratifications.

Frederic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



195-1 Des Definitivfriedens.

195-2 Die den Frieden schliessenden Theile verpflichten sich „de détourner, autant qu'il leur sera possible, les dommages dont l'une et l'autre des deux parties est ou pourrait être menacée par quelqu'autre puissance, la seule voie des armes exceptée.“

195-3 Statt signature in dem Entwürfe Hyndfords.

195-4 Statt deux.

195-5 „Pour obvier à toutes les disputes sur les confins, et abolir de Part et d'autre toutes les prétentions de quelque nature qu'elles puissent être, Sa Majesté la reine de Hongrie et de Bohême cède par le présent traité .... à Sa Majesté e roi de Prusse, ses héritiers et successeurs [de l'un et l'autre sexe, à perpétuité etavec toute la souveraineté et indépendance de la couronne de Bohême]..... tant la Basse que la Haute-Silésie, à l'exception de la principauté de Teschen, de la ville de Troppau et de ce qui est au delà de la rivière d'Oppau et des hautes montagnesailleurs dans la Haute-Silésie, aussi bien que la seigneurie de Hennersdorf et des autresdistricts qui font partie de la Moravie, quoiqu'enclavés dans la Haute-Silésie; commeaussi Ia ville de Glatz et toute la comté de ce nom, [pareillement]. vec toute la sous-veraineté et indépendance du royaume de Bohême.“

195-6 Noch vor Empfang dieser Weisung hatte Podewils durch Einfügung der eingeklammerten Worte in den vor- stehenden Entwurf des Artikels V jedem Zweifel vorgebeugt.

196-1 Podewils hält (13. Juni) die Interessen des Königs durch die Clausel „sansdéroger aux droits du souverain“ für ausreichend gewährt.

196-2 In den Prämilinarien geschieht der letzteren keine Erwähnung.

196-3 Die Freilassung der Gefangenen ohne Lösegeld betreffend.

196-4 Der Abschluss war schon am 11. Juni erfolgt.