1236. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE DOHNA A VIENNE.

Berlin, 22 octobre 1743.

Votre dépêche du 12 de ce mois m'a été bien rendue, et vous avez très bien fait d'exécuter précisément de la manière prescrite les ordres que je vous ai donnés sur mon admission aux conférences de paix, et de ne le faire que de bouche, l'usage que le ministère de Vienne a ci-devant fait de mes insinuations m'obligeant à des circonspections plus qu'ordinaires à son égard.

Quant aux assurances que le comte d'Ulfeld continue de vous donner que sa cour n'a connaissance d'autres propositions de l'Empereur que de celles qui s'étaient faites par le canal du sieur Hatsel, vous pouvez bien lui faire sentir, si l'occasion s'en présente, que cela n'est convenable avec le langage qu'on tient sur cet article à la cour britannique, le lord Carteret n'ayant fait difficulté d'avouer au comte de Finckenstein qu'il avait communiqué à la cour de Vienne les propositions de l'Empereur dont je vous ai marqué le précis dans mes dépêches précédentes, mais qu'elle les avait rondement rejetées; qu'au reste je ne conçois pas de quelle raison on pourrait faire un crime à l'Empereur de recevoir des subsides de la France, ou le produire en preuve de son attachement à cette couronne; qu'il n'avait tenu qu'à la reine de Hongrie de couper racine à ce prétendu attachement, en donnant les mains aux propositions raisonnables de l'Empereur, et en le remettant dans la possession de ses États patrimoniaux, à quoi il faudrait pourtant venir tôt ou tard, quoique peut-être avec moins d'avantage qu'on n'en retirerait à présent. Mais que, tant que Sa Majesté Impériale est privée de ses États et par conséquent de tous les moyens de subsistance, ce serait le comble de la dureté que de trouver mauvais qu'il acceptât les secours qui s'offraient, ou de prétendre, dans l'extrême <455>nécessité et dans l'espèce d'indigence où il se trouve, qu'il les refusât à un ami généreux qui les lui voulait bien donner.

Federic.

H. Comte de Podewils. C. W. Borcke.

Nach der Ausfertigung.