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1327. AU MARÉCHAL COMTE DE SECKENDORFF A DRESDE.

Potsdam, 7 février 1744.

Monsieur. J'ai été charmé de voir tout ce que vous me mandez par la lettre du 1er de ce mois que je viens de recevoir de votre part, et j'attends votre arrivée chez moi, quand vous aurez fini à Dresde, afin de m'entretenir avec vous plus amplement sur tous ces sujets.

C'est avec bien de satisfaction que j'ai vu que la cour de Saxe témoigne d'avoir les mains libres à pouvoir renouveler aussi avec l'Empereur le traité de l'année 1732. Je serais fort d'avis que de la part de Sa Majesté Impériale on profitât de cette offre, quand même, entre nous dit, ce ne serait qu'un engagement d'ostentation. Cela ne laisserait pas de faire un bon effet pour l'Empereur parmi les États de l'Empire et empêcherait les ennemis de Sa Majesté Impériale de faire tout le mal qu'on doit naturellement attendre d'une liaison étroite entre le roi de Pologne et les cours contraires aux intérêts de l'Empereur. Je suis avec des sentiments d'estime, Monsieur, votre très affectionné ami

Federic.

Nach dem Concept.


1328. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 8 février 1744.

Le marquis de Valory ayant fait à mes ministres d'ici les mêmes ouvertures, sur la commission du sieur de Chavigny à Francfort, particulièrement par rapport à l'engagement des troupes de Hesse, que vous avez reçues de la part du sieur d'Amelot, suivant votre dépêche du 24 janvier passé, je lui ai fait répondre que la nouvelle m'en était très agréable, mais que j'appréhendais fort que ce ne fût maintenant que de la moutarde après dîner, et que la France ne trouvât à l'heure qu'il est autant de difficultés à faire réussir la négociation, qu'elle y aurait trouvé de facilité, si elle l'eût entamée quelques mois ou seulement quelques semaines plus tôt.

Vous ferez bien de vous expliquer dans le même sens envers le sieur Amelot, au cas qu'il vous reparlât sur ce sujet, et de lui commenter, sans nommer toutefois l'auteur, la réflexion que le maréchal de Belle-Isle vous a faite sur l'irrésolution de sa cour,1 en y ajoutant que, si elle avait agréé au mois d'août passé le plan d'opération que je lui proposais



1 Chambrier berichtet, 24. Januar: „Le maréchal de Belle-Isle, qui ne laisse pas sous main que de se mêler de plusieurs choses et qu'on croit dans des liaisons secrètes avec le cardinal de Tencin et le maréchal de Noailles, a été en confidence avec Chavigny sur tout ce qu'il a fait ici ; ledit Maréchal me disait avant hier que l'Empereur serait mis par la France dans telle position qu'il la fallait pour parvenir au but qu'on se propose à son égard, mais ayez la bonté, m'a t-il dit, d'écrire au Roi, en l'assurant de mon profond respect, qu'il fallait faite tout cela il y a trois mois.“