<235>meilleur. Je dois y ajouter que vous pourriez vous avancer dans le pays de Münster jusqu'au Weser. La position que vous aviez choisie, l'année 1741, fut alors d'une grande utilité, on le vit bien même par l'humiliation avec laquelle le roi d'Angleterre mendia la neutralité. Je dois même y ajouter qu'en prenant cette position, vous garantissez bien mieux mon pays, car les Autrichiens pourraient fort bien vouloir y prendre des quartiers d'hiver, et ce n'est point les 12,000 Hollandais que je crains, mais bien des ravages, des dévastations et des quartiers d'hiver. Il faudrait, de plus, que le comte de Saxe eût des ordres bien positifs d'apporter une attention singulière aux détachements que les alliés pourraient faire du côté de mes frontières.

Pour ce qui concerne les opérations ultérieures, après la rétrogradation du prince Charles, il n'y a pas le mot à y ajouter, sinon que je me flatte que vous renforcerez l'armée impériale pour la mettre au moins, avec Palatins, Hessois et autres auxiliaires, au nombre de 60,000 à 65,000 hommes, et que vous, n'employerez qu'une bien moindre partie de vos troupes pour faire le siége de Fribourg, où vous n'avez pas besoin de beaucoup de troupes, étant couvert par l'armée impériale qui se tourne en Bavière.

L'Empereur et tous les princes ligués applaudiront au choix que le roi de France a fait de M. de Belle-Isle, pour lui donner le commandement de l'armée de Bavière. Le personnel de M. de Belle-Isle est engagé à s'acquitter bien de cette commission, et nous sommes tous persuadés que, pourvu qu'on ne le laisse manquer de rien par la suite, notre affaire est immanquable. Au sujet de la marche que' vous voulez faire de Fribourg à Mayence, il me semble que vous pourriez longer la rive droite du Rhin et marcher sans opposition jusqu'à Mayence et dans le pays de Cologne. Düsseldorf fait naturellement votre communication avec la France, et Mannheim du Haut-Rhin. De là, vous pourriez vous étendre en avançant vers le Weser du côté de Hameln, de Corvey etc. Je n'ai à Wésel que six bataillons, qui suffisent à peine pour garder la ville. Mais il y a là une artillerie assez considérable, et dont on pourrait se servir en cas de nécessité. Je n'ai qu'un bataillon dans toute la Westphalie, à Minden, de sorte que je n'ai aucunes troupes à portée de vous joindre. Si vous trouviez à propos dans la suite de vous porter sur Hanovre, vous pourriez passer par Minden, y faire vos dépôts, et en avoir le pont à votre disposition.

Je dois vous avertir d'avance, Monsieur, que, dès que j'entrerai en Bohême, la reine de Hongrie se tournera vers vous pour faire des propositions de paix. Je suis sûr que le Roi votre maître connaît trop bien ses intérêts pour les accepter et pour reculer, à l'instant où il peut tirer raison de toutes les insultes que lui ont faites ses ennemis, et qu'il ne préfèrera pas une paix plâtrée qui lui ôterait à jamais la confiance de tous les princes de l'Europe, à une bonne paix qui assurerait éternellement sa gloire et son repos. Je suis persuadé qu'en vous faisant des