<247>à Votre Altesse quelques exemplaires du manifeste que j'ai fait publier à ce sujet pour instruire le public des motifs qui m'ont fait agir de la manière que je fais. J'espère que Votre Altesse goûtera les raisons qui y sont alléguées, et qu'Elle voudra bien communiquer ce manifeste où Elle le croira convenable.

Au reste, comme je suis tout-à-fait persuadé que Votre Altesse contribuera de Sa part tout ce qu'il faut pour arriver au but salutaire que nous avons pris, j'espère qu'Elle tiendra les troupes hessoises prêtes et en état de marcher, d'abord que l'armée autrichienne rétrogradera vers la Bohême, et qu'Elle les fera marcher incontinent après la rétrogradation de l'armée autrichienne, pour se joindre à l'armée impériale, dès que celle-ci marchera vers la Bavière. Et pour ne perdre pas trop de temps pour la jonction, j'espère que Votre Altesse voudra bien ordonner que les troupes hessoises passent tout droit par la Franconie vers la frontière de la Bavière, afin de s'y joindre là à celles de l'Empereur.

Je suis trop persuadé que Votre Altesse ne restera nullement en arrière sur un article si important, et comme de mon côté je pousserai les opérations autant qu'il me sera possible, je ne doute nullement qu'Elle n'agira de la même façon, puisque, pour arriver à une prompte fin, il faut absolument que nous fassions tous les efforts possibles en même temps. Quant aux subsides qu'il faut pour cela, tous mes avis sont que la France n'y manquera guère. Votre Altesse sera persuadée des sentiments d'estime et de la considération avec laquelle je suis, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le très bon et très affectionné cousin

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


1541. A L'IMPÉRATRICE DE TOUTES LES RUSSIES A MOSCOU.

Berlin, 10 août 1744.

Madame ma Sœur. Je n'ai pas voulu manquer de faire part à Votre Majesté Impériale, comme à ma plus chère alliée, du parti que je me vois obligé de prendre, d'assister l'Empereur contre la reine de Hongrie, qui le veut détrôner. Ce qui m'a le plus déterminé au parti que je prends, est sans contredit pour venger Votre Majesté Impériale du peu de considération que la reine de Hongrie fait de Sa personne, de l'infâme conspiration du marquis de Botta, et du dessein constant qu'a la cour de Vienne de remettre un jour le jeune Iwan sur le trône de Russie. Les ministres de Votre Majesté Impériale à ma cour m'ont assuré positivement que Votre Majesté approuverait beaucoup mon dessein, et je tâche de mériter encore plus Ses suffrages dans l'exécution de ce projet, que j'exposerai à Votre Majesté Impériale en deux mots : il consiste à pénétrer en Bohême par trois endroits, à prendre Prague,