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demander de droit la médiation entre les parties belligérantes ; mais, si on prenait d'autres biais, j'étais obligé de dire que, de quelque différente façon qu'on prît la chose, je n'y voyais jour, quoique je serais toujours charmé d'être utile à quelque chose pour les vues de Sa Majesté Très Chrétienne et de Sa Majesté Impériale, pour lesquelles j'avais tout l'attachement imaginable; que, s'il ne s'agissait que de mettre l'Empereur dans la possession de ses États, il était connu que la France avait des forces en main pour rétablir facilement l'Empereur ; mais que c'était une chose qui même sans cela arriverait absolument, à la paix, et qui n'affaiblirait en rien la maison d'Autriche; que même je ne voyais point la sûreté ni l'avantage solide que cela pourrait produire à l'Empereur; que je ne pouvais cacher à Chavigny que je croyais que pour l'honneur de la France on pourrait former des projets bien plus vastes et plus fermes que ceux qu'on a formés jusqu'à présent, et lui assurer par là ses véritables intérêts, mais que je n'osais jamais proposer de laisser à la défensive 300,000 hommes, contre des ennemis qui n'ont tou au plus qu'un tiers de ces forces.

Quant à l'article de la garantie du roi de France que Chavigny me promet de la Silésie, vous lui direz que je m'en étonnais beaucoup, et que je voyais apparemment par là que M. de Chavigny n'était pas assez instruit de l'alliance que le roi de France coucha avec moi, l'année 1741. Que cette alliance roula sur deux points de ma part, savoir 1 ° que je renoncerais à la succession de Juliers et de Bergue pour la Silésie, que la France me garantirait à perpétuité; le second était, que je contribuerais à l'élection de l'empereur d'aujourd'hui; que j'avais rempli religieusement ces deux articles, et que je ne saurais douter que le roi de France ne dût remplir ses engagements avec la même exactitude.

Voilà de quelle manière vous devez vous expliquer envers Chavigny, ce que vous ferez pourtant avec toute la politesse imaginable, en y joignant force d'assurances de mon amitié et de mon attachement sincère à sa cour ; surtout tâcherez vous de continuer une espèce de négociation avec lui, afin qu'en cas que je voulusse me raccrocher à la France, j'aie toujours une porte ouverte d'y venir par son canal. Vous lui ferez aussi entrevoir que je n'attendais que de voir agir la France avec effort, et, si une occasion s'y présentait, vous pourriez bien dire de loin et comme de vous même que, dans tout ce que la France m'avait dit jusqu'à présent, les motifs n'avaient pas été assez grands pour entreprendre des choses dont il ne me reviendrait aucun avantage, ce que vous toucherez cependant bien délicatement, et point du tout autrement qu'à une occasion favorable. Et sur cela, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.