<349>devais conserver nécessairement les postes de Tabor et de Budweis, qui ôtaient à l'ennemi, s'il avait été battu, toutes ses ressources, lui coupaient le chemin d'Autriche et le rejetaient dans cette partie montueuse de la Bohême qui tient à la Basse-Autriche.

Il s'est manifesté dans toute cette campagne une fatalité si ouverte et si opiniâtre à déranger mes entreprises, que je ne puis m'empêcher d'en rapporter quelques exemples, à mesure que l'occasion s'en présente.

A la prise de Budweis, il ne s'était presque point trouvé de munitions de guerre dans la place; le régiment de Kreytzen, qui devait défendre cet endroit, n'avait que soixante coups à tirer, par tête; on ne pouvait alors suffisamment ravitailler la place, étant trop éloignée de Prague; j'envoyais1 cependant une assez bonne provision de cartouches au général Kreytzen, si un accident que l'on ne pouvait prévoir, ne l'en eût privé. Le général du Moulin était commandé avec quelques bataillons pour prendre son chemin par Budweis et pour repasser par Neuhaus à Tabor, afin d'amasser des vivres et surtout de la farine; les caissons de poudre entrèrent à Budweis avec le détachement de du Moulin, et celui qui avait la lettre à rendre au général Kreytzen, n'arriva que le lendemain, de sorte que les caissons suivirent le général du Moulin, et que le général Kreytzen ne reçut la lettre qui lui marquait que les caissons étaient pour lui, que lorsque le petit convoi était à une grande marche de lui et que beaucoup de hussards lui avaient déjà ôté la communication avec du Moulin; depuis ce moment l'armée perdit, également, la communication avec cette ville. Tabor devenait absolument nécessaire pour avoir la communication avec Budweis, et, de plus, il y avait dans la ville 500 malades qu'il nous était impossible de conduire avec l'armée, faute de charriage, ainsi nous ne pûmes l'abandonner.

Nous nous mîmes le . . de septembre2 en marche vers la Sazawa, et je détachai le maréchal de Schwerin, avec 16,000 hommes, pour gagner Beneschau, ce qui me réussit;3 l'armée y arriva deux jours après, nous occupâmes ce poste sonica, ayant gagné quatre heures sur l'ennemi. Nous séjournâmes huit jours au camp de Konopischt et Beneschau, pendant lequel temps j'envoyais un détachement à Leitmeritz pour faire transporter incessamment des farines, tant pour l'armée que pour Prague. Les Autrichiens qui, voyant leur coup manqué, s'étaient retirés du côté de Neweklau, furent bientôt joints par toutes leurs forces, et le prince Charles fut se camper à Marschowitz. J'appris cette nouvelle4 avec beaucoup de plaisir, me flattant de pouvoir attaquer le prince Charles et de le battre. Je fis défiler l'armée sur huit colonnes, et nous prîmes le chemin de Marschowitz, aux environs duquel nous arrivâmes après le coucher du soleil,5 de façon que l'armée n'était pas même tout-à-fait en bataille pendant la nuit. Le lendemain, à la pointe du jour, nous



1 8. October.

2 Am 13. October setzte sich Schwerin, am 14. der König mit der Hauptarmee in Marsch.

3 17. October.

4 23. October.

5 24. October.