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1669. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A MUNICH.

Berlin, 29 décembre 1744.

Votre dépêche du 19 décembre dernier m'a été bien rendue.

Il n'est que trop vrai que les Autrichiens font défiler actuellement un nombre considérable de troupes vers l'Autriche aussi bien que vers le Haut-Palatinat, de sorte que, pour empêcher que l'Empereur ne soit accablé encore dans le cours de l'hiver présent par la supériorité des ennemis, il faut absolument que les troupes françaises qui se trouvent à présent en Souabe et dans l'Autriche antérieure se rendent sans perte de temps en Bavière ou dans le Haut-Palatinat, et Sa Majesté Impériale ne saurait faire trop d'instances pour en presser la marche.

On ne peut assez regretter l'indolence et la lenteur avec laquelle on a agi de tous côtés pour la cause commune, depuis que je me suis déclaré en sa faveur. De toutes les troupes des alliés, il n'y a presque rien que les miennes qui ne jouissent d'aucun repos, et qui, malgré la rigueur de la saison, sont encore continuellement en opération : exemple qui devrait faire impression aux autres confédérés, particulièrement à la France, pour l'animer à se déployer avec la même vigueur et à tenter jusqu'à l'impossible pour assister l'Empereur et le maintenir dans la possession de ses États.

Quant à la négociation secrète du sieur de Chavigny dont vous me parlez dans le post-scriptum de la dépêche susalléguée, je souhaite de tout mon cœur qu'elle succède heureusement, mais jusqu'ici je n'y vois guère d'apparence, et, selon les derniers avis, l'électeur de Cologne semble moins disposé que jamais à prendre des sentimeuts favorables pour l'Empereur. C'est son ministre à la Haye qui insiste le plus sur l'envoi d'un corps de 33,000 hommes, vers le Haut-Rhin, et nommément dans l'électorat de Mayence. L'Électeur offre d'y joindre d'abord 7,000 hommes de troupes de Münster, et d'en fournir encore 3,000 autres dans le cours de l'hiver. Si ce projet s'exécute, comme il y a bien de l'apparence, le corps peu nombreux de troupes françaises qui se trouve présentement sous les ordres du maréchal de Maillebois, loin d'être en état de faire, vers le printemps prochain, une diversion au Bas-Rhin, aura de la peine à se soutenir dans la position présente, à moins que la France ne se presse de faire défiler un plus grand nombre de troupes vers les électorats de Trêves, de Cologne, et de Mayence, et que le maréchal de Saxe ne profite de l'éloignement des troupes autrichiennes et hanovriennes, pour frapper dans les Pays-Bas un coup capable à les faire revenir promptement.

La nécessité de prendre de telles résolutions, et de les prendre promptement, saute tellement aux yeux qu'il paraît impossible que la France manque d'y faire attention. Cependant, le passé me fait craindre pour l'avenir, et au cas que la France se néglige en cette rencontre, ou