<380>la tête d'une armée de 120,000 combattants et de donner de la tablature à la cour de Vienne plus qu'elle ne pense, si elle s'obstine à n'entendre à aucun accommodement raisonnable, d'autant plus que je venais de recevoir de la cour de Russie de nouvelles assurances qui m'ôtaient tout sujet d'appréhender la moindre chose de ce côté-là; qu'en un mot, je ne recherchais et ne désirais la paix que par une envie sincère de voir cesser bientôt le fléau désolant dont une grande partie de l'Europe et particulièrement l'Allemagne se trouve affligée; que je serais ravi qu'on pût y parvenir pendant l'hiver, et que je m'y prêterais en tout ce qui dépendait de moi; que si je n'en pouvais pas venir à bout, ayant rempli tout ce qu'exige de ma part le devoir d'un bon patriote, je m'en consolerais; que je poursuivrais avec vigueur les mesures que la nécessité des affaires m'obligeait à choisir, et que l'obstination du parti contraire ne servirait qu'à me faire redoubler mes efforts pour obtenir, d'une manière ou d'autre, une paix solide et durable.

Federic.

H. Comte de Podewils.

Nach dem Concept.


1672. AU CONSEILLER ANDREE A LONDRES.

Berlin, 29 décembre 1744.

J'ai reçu à la fois vos dépêches des 11, 15 et 18 de ce mois, et j'ai vu avec beaucoup de satisfaction par le post scriptum chiffré les dispositions favorables que le parti dominant dans le ministère britannique manifeste à mon égard. Comme je vous ai déjà amplement instruit dans les dépêches précédentes sur les insinuations que vous aurez à faire au lord Harrington et à ses amis, je ne doute point que vous n'en ayez fait un usage convenable et que vous ne continuiez de tirer du changement présent du ministère tout le parti possible pour avancer mes intérêts et pour faire goûter mes idées au nouveau ministère et à ceux de son parti, pour quel effet vous aurez soin de leur représenter que rien n'était plus facile que de rétablir les nœuds d'amitié et de la bonne et étroite intelligence entre la nation britannique et ma maison et de les rendre indissolubles; que ces nœuds étant aussi naturels qu'anciens, et fondés sur une réciprocité parfaite d'intérêts, jamais il n'y serait arrivé la moindre altération, si sous l'administration précédente des affaires britanniques la considération de l'intérêt des États d'Hanovre n'avait infiniment prévalu sur celle qu'exige l'intérêt de la nation anglaise, et qu'en conséquence de ce principe le lord Granville n'eût rendu infructueux tous les efforts que j'avais faits pour le rétablissement de la tranquillité en Allemagne, ayant marqué en toutes rencontres un acharnement outré contre l'Empereur et un dessein formé non seulement de le forcer à abdiquer le diadème impérial — n'ayant pas hésité de dire en termes formels que, quand on n'avait pas de quoi soutenir une dignité, il fallait l'ab-