<167> dans tout l'état n'est d'opinion que cela apporte le moindre changement dans la guerre de Bohême et de Moravie.

L'exemple que l'on cite, dans le mémoire, du temps de Louis XIV, n'est point applicable au temps présent; ce sont des paroles vagues et un verbiage dont on ne se paie point. En un mot, le ministère de France est fort prié de ne jamais citer la guerre de Flandre comme une diversion que l'on opère en faveur du roi de Prusse; ni les Hollandais, ni les Anglais ne sont en guerre avec lui, et il faut des diversions plus réelles, et du genre de celles que le roi de Prusse fit, l'année passée, en faveur du roi de France.

L'on ne disconvient point que la guerre d'Italie n'ait pris une tournure avantageuse, mais tant que le roi de Sardaigne ne sera point détaché de la reine de Hongrie, on ne peut faire aucun fond sur ces succès momentanés, et qui peuvent être perdus aussi vite qu'ils ont été gagnés.

C'est sur l'article du roi de Pologne que la France s'étend le plus, et il semble que ce soit son but principal. Que l'on examine donc sans prévention si le prétendu chagrin que l'on suppose au roi de Pologne sur la paix de l'électeur de Bavière, est plus fort que les subsides anglais, que l'animosité qu'il a contre le roi de Prusse, et que l'ambition qu'il nourrit dans son sein de s'agrandir de ses dépouilles. Que l'on considère lequel de ces deux princes a fait plus d'avances pour se réconcilier, et lequel des deux marque plus de mauvaise volonté à l'autre; si la France n'est pas entièrement aveuglée sur ce sujet, elle ne mettra pas le tort du côté du roi de Prusse, et lorsque l'on veut gagner quelqu'un, le premier point est qu'il soit enclin à la séduction.

B résulte de là que c'est à la France de voir jusqu'à quel point elle peut détacher le roi de Pologne de ses engagements, en quoi le roi de Prusse ne sera point contraire.

Selon les nouvelles que l'on a de Russie, les esprits y étaient disposés à recevoir les subsides des Anglais, qui montent à 6,000,000 écus.

B n'est pas apparent que les Français en offrent d'aussi considérables; ainsi, il ne faut point se bercer de ces sortes de chimères, qui sont entièrement éloignées de toute apparence de succès.

Le roi de Prusse souhaite plus que personne que l'on mette du coté des Français plus de vigueur dans les opérations que par le passé; c'est ce qu'il n'a cessé de représenter. Il serait à souhaiter que les grands coups se portassent en Allemagne, pour le bien des alliés et des Français même; mais c'est un sujet sur lequel l'on ne peut former que des vceux.

Dans cette situation critique et violente, il n'y a qu'une diversion du Grand-Turc qui puisse porter un coup mortel à la reine de Hongrie et favoriser efficacement les desseins du roi de France et de ses alliés; l'on ne s'en flatte cependant point jusqu'à présent, et c'est uniquement dans la force de ses propres armes et dans la fortune des