1774. AU PRINCE GUILLAUME DE HESSE-CASSEL A CASSEL.

Neisse, 4 avril 1745.

Monsieur mon Consin. Mon ministre à la cour de Munich, le sieur de Klinggraeffen, vient de me mander par un exprès que l'électeur de Bavière s'était plaint fort amèrement envers lui de ce que Votre Altesse avait envoyé des ordres précis au général de Brandt, qui commande les troupes hessoises en Bavière, de ne point agir offensivement contre les Autrichiens, bien qu'il dût défendre ses quartiers; ce qui avait eu le mauvais effet que, lorsque les Autrichiens, s'étant assemblés en force depuis peu de temps, avaient passé l'Inn pour attaquer les quartiers bavarois, et, que l'Électeur avait pareillement assemblé ses troupes pour aller combattre l'ennemi, les troupes hessoises avaient refusé d'y aller. Mon dit ministre me mande en même temps que cet incident avait fait un fort mauvais effet sur l'esprit de l'Électeur, qui sans ce refus des troupes hessoises avait eu tout lieu d'espérer de venir à bout, sans difficulté, des Autrichiens; qu'il était fort à craindre que l'Électeur, n'ayant plus rien à espérer des troupes hessoises, pourrait bien par désespoir se jeter dans les bras de la cour de Vienne et faire disposer de lui tout comme il plaira à celle-ci.

Quoique je comprenne parfaitement les raisons que Votre Altesse peut avoir eues d'user de ménagement par rapport aux troupes hessoises qui sont en Bavière, pour ne point exposer la Hesse, lorsque le duc d'Aremberg était prêt d'y entrer avec ses troupes, je suis pourtant persuadé qu'Elle voudra bien prendre en considération le tort infini que cela ferait à tous ceux de l'union de Francfort, si l'électeur de Bavière, se voyant pressé par les Autrichiens et abandonné en même temps des troupes auxiliaires de Hesse, était forcé de s'accommoder avec la cour de Vienne à quelles lois et conditions que celle-ci voudrait lui prescrire, cette cour n'ayant certainement d'autre but que de séparer les alliés de Francfort, pour les écraser alors l'un après l'autre; à quoi elle ne parviendra jamais, si nous restons bien unis, jusqu'à ce que les affaires prennent un pli avantageux pour faire une paix honorable avec l'inclusion les uns des autres. C'est pourquoi j'ose prier Votre Altesse de vouloir bien donner au plus tôt possible des ordres aux troupes hessoises qui sont en Bavière, de ne point abandonner tout-à-fait les intérêts de l'Èlecteur, ni de le faire opprimer de l'ennemi faute de leur assistance.<106> Je me flatte que Votre Altesse agréera d'autant plus ma demande, que le péril qui était à craindre pour la Hesse par le voisinage de l'armée du duc d'Aremberg, est à présent passé par le passage que le maréchal de Maillebois vient de faire sur le Main, est qu'il est à espérer que nous pourrions bientôt voir plus clairement dans les affaires et sur le parti que nous aurions à prendre, pourvu que nous restions bien unis et ne nous séparions pas l'un de l'autre.

Votre Altesse connaît les sentiments véritables de l'estime particulière et de l'amitié éternelle avec lesquels je suis, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bien affectionné et très fidèle cousin

Federic.

Nach dem Concept.