1830. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Camenz,] ce 9 [mai 1745.]

Mon cher Podewils. Il me vient une idée sur ce que les Autrichiens et Saxons se tiennent si tranquillement dans leurs quartiers : voudraientils attendre que l'élection de l'empereur fût faite, pour me tomber ensuite sur le corps? Je dois le croire, car s'ils n'entreprennent rien dans quinze jours, ce ne peut être autre chose. Mandez-moi ce que vous en pensez. Que Valory vienne donc, puisqu'il a la rage de venir, et qu'il assiste au dénouement de la scène dont il paraît que sa cour et lui seront de froids spectateurs.

Reposez-vous sur mes arrangements militaires; ils sont si bien pris, et j'ose dire sagement, que je ne périrai point par ce côté-la. Malgré les désagréments de ma situation présente, il peut arriver des événements si favorables qu'ils justifieront ma constance. Je ne compte plus du tout sur la négociation d'Andrié, je regarde cela comme perdu: peut-être se repentira-t-on à Vienne, à Londres et à Dresde de n'avoir pas profité des propositions secrètes que je leur ai faites. Si la fortune me seconde, je pourrais quitter cette modération, et ce sera sûrement la Saxe qui payera pour les autres : enfin, nous sommes à la veille d'une grande crise, il y a autant à craindre qu'à espérer, tranquillisons-nous en attendant, travaillons avec assiduité, faisons notre devoir, et n'anticipons point sur ce que l'avenir nous prépare. Adieu, je suis avec estime votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung (praes. 13. Mai). Eigenhändig.