1979. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A JAROMIRCZ.

Camp de Semonitz, 3 septembre 1745.

Monsieur. Je n'ai eu jusques ici aucune nouvelle de la déclaration que M. le marquis d'Argenson doit avoir faite à mon ministre de Chambrier, touchant les subsides que la France me veut payer, mais s'ils sont tels qu'on vous les marque dans l'extrait de la lettre que vous venez de me communiquer,271-1 j'avoue que j'en suis fort peu édifié. On devait connaître en France les dépenses immenses qu'il faut pour fournir au nécessaire d'une armée qui doit agir; on y sait combien la Silésie a souffert des invasions et des ravages que l'ennemi y a faits à différentes reprises, et combien j'en perds par là à mes revenus ordinaires; la France souhaite que je doive continuer la guerre: nonobstant de tout cela, on m'offre un subside si mince, qui à peine suffit à en entretenir quatre bataillons et trois régiments de hussards; encore y met-on la condition d'un paiement en douze termes; c'est ce qui, pour les raisons susdites, vaut autant que de vouloir me refuser tout; ainsi que, pour conclusion, il faut que je vous dise que je ne puis aucunement accepter un subside qui à tout égard n'est nullement suffisant à me mettre en état de faire ce que la France attend de moi. Je suis avec estime, Monsieur, votre bien affectionné

Federic.

Ce subside peut être bon pour un landgrave de Darmstadt, mais pour mon armée, vu les prodigieuses dépenses de trois corps de troupes<272> que j'entretiens en campagne, pour refaire l'armée l'hiver, former les magasins pour le printemps, se mettre en posture d'avoir la supériorité, c'est ce que vous avez assez de bon sens pour voir qu'il ne se peut point exécuter avec un si faible secours. Je renonce dès ce moment à vos subsides, offerts de si mauvaise grâce et en si modique quantité; peut-être que je trouverai des ressources dans moi-même qui me tiendront lieu d'amis ingrats, et je n'aurai point à rougir d'avoir été à l'aumône d'autres princes, condition dure que la nécessité seule pouvait m'imposer. Voilà ce que vous pouvez mander à votre cour.272-1

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



271-1 In dem unter dem 2. September von Valory auszüglich mitgetheilten Erlass d'Argensons an den ersteren erbietet sich Frankreich zur Zahlung von 500,000 Livres monatlicher Subsidien statt der von Preussen geforderten Jahresquote von 4,000,000 Thalern.

272-1 Im gleichen Sinne schreibt der König an Chambrier, 2. September. Eichel schreibt an Podewils, 6. September: Valory „ist über seine Antwort au désespoir und will gerne eine vergnüglichere haben; sein Chagrin ist darüber um so grösser, als er just den Morgen solche bekommen, da er die Nacht vorher grosse Gefahr gelaufen, in seinem Quartier zu Jaromircz von den Oesterreichern enleviret zu werden.“