<159> d'activité. C'est ce que la Russie n'aurait point eu lieu de faire, si elle pensait tout de bon à dégaîner contre moi.

4° Il s'en faut beaucoup que les avantages qu'on a tant vantés peut-être à Pétersbourg de la bataille de Plaisance, soient si grands qu'on les a prônés au commencement, et il n'y a rien de plus certain que cette bataille n'a été point du tout décisive, puisque l'armée française et espagnole se soutient toujours, malgré la supériorité de l'armée austro-sarde, et donne assez de besogne à celle-là, et qu'ainsi

5° La reine de Hongrie est absolument hors d'état d'opérer contre moi de son côté.

6 ° Le roi d'Angleterre est sur le point de signer l'acte solennel de la garantie de la Silésie, ce qu'il aurait pu décliner fort aisément, si la Russie était sur le point de rompre avec moi en faveur de la reine de Hongrie, et vous conviendrez que, sans que l'Angleterre y soit de concert, ni l'une ni l'autre ne sera en état de m'attaquer. D'ailleurs, je crois bien que l'Angleterre est de concert avec la Russie, pour que celle-ci fasse toutes les démonstrations qu'elle a actuellement faites, mais aussi suis-je persuadé que l'Angleterre ne consentira pas que cela aille plus loin, par son propre intérêt, qui est de ne point permettre qu'il y ait un nouvel incendie dans le Nord, surtout pendant la guerre qu'elle a à soutenir encore contre la France et l'Espagne.

7 ° On vient de m'avertir que l'armée russienne est encore dans la même position qu'elle a été, qu'on commençait à remplir de nouveau les magasins en Livonie pour sa subsistance et qu'on avait publié à Riga et Mitau des chaires des églises que quiconque parlerait que les armements de la Russie m'avaient pour but, devrait avoir sans miséricorde le knout.

Ainsi par toutes ces raisons, et d'autres encore, j'ai lieu de croire que je n'aurai rien à craindre de la Russie pendant cette année-ci. Mais ce qui me paraît, c'est ce qu'il se peut fort bien que le ministre russien ait trouvé moyen d'induire sa souveraine à envoyer quelques milliers de ses troupes comme auxiliaires de la reine de Hongrie en Allemagne, pour agir contre la France, et qu'on ait donné des ordres aux autres troupes qui ont été aux environs de Pétersbourg, pour remplacer celles qu'on veut détacher en Allemagne. Enfin, la saison qui avance obligera la cour de Pétersbourg de développer tous ses mystères sur ce sujet-là. Vous y serez, en attendant, attentif, autant que vos circonstances présentes le permettront. Le comte de Tschernyschew vient de partir de Berlin, après avoir pris congé de mes ministres, et on me mande de Prusse que le comte de Woronzow est parti de Königsberg le 11 de ce mois, pour continuer son voyage à Pétersbourg.

Federic.

Nach dem Concept.