2164. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 2 mars 1746.

Mon cher Podewils. A peine ai-je cru pouvoir prendre hier des arrangements pour les affaires d'Angleterre, que voici un événement qui suspend toutes mes mesures. Voilà tout le ministère du roi d'Angleterre qui s'est dénié de ses emplois, voilà les sceaux confiés de nouveau au lord Granville:38-1 mais voilà en même temps toute la nation indisposée contre un changement si inattendu. La ville de Londres et le corps des marchands refuse de payer l'argent destiné pour les subsides, et, en un mot, dans un état de crise aussi violent et où rien n'est décidé encore, je trouve convenable que nous suspendions notre déclaration, pour voir qui remplacera le lord Harrington et quel tour prendra le nouveau conseil d'Angleterre. Vous pouvez le dire au sieur Villiers, et que je regardais cette révolution comme le plus grand contre-temps qui aurait pu m'arriver dans le moment présent. Je fonde toute mon espérance sur le grand et puissant parti qui est opposé au lord Granville, ce qui me fait juger que, malgré la prédilection marquée du Roi pour ce ministre, il ne pourra jamais le soutenir dans ce poste,

Mardefeld est bien laconique aujourd'hui sur les affaires de la Russie; son silence, et ce que Villiers vous dit par rapport aux troupes que les Russes ont offertes aux Puissances maritimes, me fait croire que, malgré beaucoup de mauvaise volonté, la montagne accouchera d'une souris.

Si Villiers vous parle encore de la lettre de Trevor,38-2 vous n'avez qu'à lui répondre que nous n'avons aucune alliance avec les Hollandais, qu'ils ont même refusé d'en faire une avec moi l'année 43, et que<39> d'ailleurs, si nous en avions ensemble, je ne serais tenu à les seconder que lorsque la guerre serait aux portes d'Utrecht, mais que Bruxelles avait appartenu à la reine de Hongrie, et que nous ne nous mêlions pas de ses affaires. Adieu. Mandez-moi encore avant ce soir votre sentiment sur tout ceci.

Je suis votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



38-1 20. Februar n. St.

38-2 Ein abschriftlich mitgetheiltes Schreiben Trevor's an Villiers, Haag 24. Februar, das anlässlich der Einnahme von Brüssel durch die Franzosen (20. Febr.) die gefährdete Lage der Generalstaaten und das Interesse des Königs von Preussen an ihrer Rettung beleuchtet.