2169. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 7 mars 1746.

Vous avez très bien fait de m'informer d'abord et par un exprès du grand événement qui s'est passé le 24 du mois de février dernier en Angleterre et qui fait l'objet de votre relation du 25 dudit mois.

Vous jugerez aisément de la satisfaction extrême que cette nouvelle m'a causée, tant par l'interêt que j'y ai moi-même que par ce que je vois rétabli par là en place ce qu'il y a de meilleures têtes et de gens des plus dignes en Angleterre. Aussi ne manquerez-vous pas de les en féliciter cordialement de ma part et de vous épuiser surtout en compliments et en assurances d'amitié, dans les termes les plus polis et les plus obligeants, envers le duc de Newcastle et envers milord Harrington; à quoi vous ajouterez que je n'aurais jamais pu me fier à l'Angleterre, ni avoir des liaisons étroites avec elle, tandis que la direction des affaires ne serait pas entre les mains de ministres aussi bien intentionnés qu'eux, mais les voyant dans l'avantage où ils sont maintenant, et qu'ils ne pourraient plus être contrariés des gens qui pensent mal sur les véritables intérêts de l'Angleterre, ils pourraient compter sur mon amitié sincère et que je me ferais un sensible plaisir de contribuer autant qu'il dépendrait de moi pour vivre en très bonne intelligence avec l'Angleterre; qu'avec cela j'espérais qu'ils auraient pris de si bonnes mesures qu'ils ne pourraient plus être contrariés dans leurs bonnes intentions et dans leurs vues droites, ni par le Roi, ni par qui que ce soit, ce qui m'attacherait d'autant plus à eux. Au reste, comme vous me marquez ce que les ministres vous ont dit touchant la contrariété des sentiments du Roi dans l'affaire de la convention d'Hanovre et depuis, de même que du capotisme que vous avez observé auprès des ministres autrichiens, saxons et russiens, lorsque Carteret a été obligé de se con<43>gédier derechef, mon intention est que vous deviez tout faire pour pénétrer les trames secrètes que le Roi a faites contre moi par son favori Carteret, et toutes les circonstances du complot qu'on a fait apparemment avec les cours de Vienne, de Dresde et de Pétersbourg pour me faire de nouvelles querelles. Ce que je vous recommande le plus fortement et dont vous ne laisserez pas de me faire à son temps une relation secrète, mais bien détaillée.

Federic.

Dites tout ce que vous pouvez de plus obligeant de ma part au duc de Newcastle et à milord Harrington, et assurez-les que je serai bon Anglais, tant qu'ils seront tout-puissants et que Hanovre ne gouvernera pas Londres.

Nach dem Concept. Der Zusatz nach der eigenhändigen Aufzeichnung unter der chiffrirten Ausfertigung.