2589. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 7 avril 1747.

La dépêche que vous m'avez faite le 21 du mois de mars passé, m'a été rendue. Comme je viens d'apprendre de fort bon lieu que les cours de Londres et de Pétersbourg ne sont nullement encore tout-à-fait d'accord sur le corps de troupes russiennes destiné à secourir la reine de Hongrie contre la France, que l'Angleterre n'offre de payer à la Russie qu'une somme de 100.000 livres sterling pour qu'elle entretienne un corps considérable de troupes en Livonie, afin de pouvoir s'en servir là où le besoin le demanderait, mais que la Russie exigeait que le roi d'Angleterre prît ces troupes à sa solde — j'ai bien voulu vous avertir de cette circonstance, pour que vous soyez d'autant mieux<358> en état d'approfondir, là où vous êtes, tout ce qui peut avoir du rapport à cette affaire-ci. Il est fort probable que, quoique le roi d'Angleterre veuille bien fournir à la dépense de 100,000 livres sterling, pour avoir un corps considérable de troupes russiennes à sa disposition en Livonie, soit pour me tenir en échec, pour ne point me mêler de la présente guerre contre la France, soit pour avoir d'une certaine façon à portée un renfort considérable de troupes en cas que l'armée alliée aux Pays-Bas dût souffrir quelque échec d'importance, cependant il est fort difficile à croire- qu'il voudra aller plus loin et se charger d'une dépense si énorme pour soudoyer 30,000 Russiens, outre les frais du transport de ces troupes et d'autres dépenses considérables qu'il faudrait faire, si jamais on voulait se servir d'un pareil secours. Mais comme pourtant les ministres autrichien et anglais sont convenus, à ce sujet, d'une convention préliminaire, selon l'avis que je vous ai donné par ma précédente, et que d'ailleurs le chancelier Bestushew a représenté, cette affaire à sa souveraine comme une chose faite et conclue, qui là-dessus a fait des dépenses assez considérables, tant pour faire mobile ce corps de troupes que pour recruter et augmenter son armée, et que toutes ces dépenses et ces arrangements tomberont à rien, aussitôt que l'Angleterre refuse de ratifier ladite convention préliminaire que son ministre, milord Hyndford, et le général Pretlack ont faite avec le Chancelier, il n'en saurait résulter qu'une brouillerie assez forte entre ce dernier et entre les ministres nommés, ou du moins une froideur entre les cours intéressées. C'est donc à quoi vous devez prêter votre attention, pour pouvoir me marquer exactement ce qui se passera à ce sujet. Je crois même que vous ferez bien de parler au comte Woronzow sur ces affaires, et de lui insinuer adroitement que, si les-choses parvenaient à la brouillerie susdite, ce serait apparemment une occasion dont il pourrait tirer avantage contre son antagoniste.

Federic.

Nach dem Concept.