2596. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 11 avril 1747.

J'ai reçu votre dépêche du 25 du mois dernier de mars. C'est avec bien de la satisfaction que j'yai vu que l'ami important362-3 a commencé à désiller les yeux de sa souveraine sur la conduite de son antagoniste; il est à souhaiter que ses représentations fassent impression, mais, après<363> qu'il a fait le premier pas, il lui conviendra à présent de ne pas rester en chemin, et il sera d'une nécessité indispensable que lui et l'ami intrépide363-1 fassent à présent bientôt ce qu'ils souhaitent de faire, puisque sans cela leur antagoniste ne manquera pas de les prévenir et de les culbuter également tous deux. Je sais de science certaine que son parti est pris là-dessus avec un ministre d'une certaine cour, et qu'on veut mettre tout en œuvre pour les éloigner à peu près de la même façon qu'on a éloigné le comte Brummer, dont je pourrai vous mander plus de circonstances, par un courrier que je pense vous envoyer avec les lettres que l'ami important demande, et que je fais chercher pour vous les envoyer par un courrier.363-2 Comme on a arrêté, selon votre rapport, le capitaine de Stackelberg, je n'ai pu me dispenser de faire la même chose au lieutenant de Reutern,363-3 et vous pouvez bien dire au comte de Woronzow et même au grand-chancelier Bestushew, quoique sans donner la moindre chose par écrit là-dessus, que je ne ferais pas élargir le lieutenant Reutern de son arrêt, aussi longtemps qu'on y tiendrait mon capitaine de Stackelberg.

On vient de me donner les assurances les plus fortes d'Angleterre qu'on n'avait pris ni ne prendrait aucun engagement avec la Russie pour qu'elle fournisse un corps de ses troupes à la solde des Puissances maritimes, et que, malgré les sollicitations des cours de Vienne et de Pétersbourg à ce sujet, l'on ne se prêterait pas à une pareille négociation. Vous ne manquerez pas d'en parler à l'ami important, et, selon moi, il en pourra faire bon usage, en relevant à sa souveraine les grandes dépenses auxquelles on l'avait entraîné inutilement à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.



362-3 Woronzow.

363-1 Lestocq.

363-2 Briefe von Witting an Ferber, vergl. S. 206.

363-3 Vergl. S. 317.