2820. AUX MINISTRES D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS ET BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Berlin, 3 novembre 1747.

La proposition que le marquis de Valory vient de réiterer, par son nouveau mémoire touchant le commerce à faire aux Emdois des côtes de France,514-1 est assez flatteuse et point du tout à rejeter entièrement; mais il faut que nous nous y prenions avec toute la circonspection possible. Avant toute chose, il est nécessaire que le marquis de Valory s'explique avec précision sur les sortes de marchandises qui doivent faire le trafic entre des ports de France et les nôtres. Après cela, il faudra exactement examiner s'il y a des marchands assez suffisants à Emden pour soutenir un commerce d'une telle importance; d'ailleurs, il est assez aisé à dire que je doive faire respecter mon pavillon, mais la grande question est de savoir comment s'y prendre. Ce ne sont point les Hollandais que je crains, dans l'état délabré où sont actuellement leurs affaires, mais on a tout lieu de redouter les Anglais, par la grande jalousie que leur donnera un pareil commerce.

Mon intention est donc que vous fassiez expliquer préalablement le marquis de Valory sur les marchandises qui doivent constater ce négoce. Outre cela, vous donnerez mes ordres au sieur d'Ammon, afin qu'il fasse un voyage à Amsterdam et autres villes commerçantes en<515> Hollande, pour voir s'il y a moyen de disposer quelques négociants riches de venir s'établir dans nos ports et villes commerçantes, pour en faire un négoce en France. Il faudra d'ailleurs écrire au directeur de la chambre d'Ostfrise, Bügel, pour savoir de lui s'il y a des marchands assez riches et puissants pour soutenir un commerce de cette nature; après quoi, il faudra penser comment faire respecter mon pavillon, en cas que les Puissances maritimes osassent l'insulter. Tous ces éclaircissements pris, ensemble, je pourrai alors m'expliquer positivement sur la proposition dont il s'agit. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



514-1 Vergl. S. 520. Valory hatte bereits am 4. October ein Mémoire in dieser Angelegenheit überreicht.