3226. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A HANOVRE.

Potsdam, 27 août 1748.

La dépêche que vous m'avez faite le 22 de ce mois, m'a été rendue. Le sieur Legge a commencé de frapper de nouveau à la porte touchant ma garantie à donner à la Sanction Pragmatique, et il a demandé par manière de conversation à mon ministre, le comte Podewils, s'il n'aurait pas de réponse à ce sujet. Je lui ai fait dire par ce même ministre que je ne savais pas si l'on était bien fondé à me faire une pareille proposition, pendant que l'Impératrice-Reine n'avait point satisfait jusqu'ici aux engagements pris par le traité de paix de Dresde par rapport à la garantie de l'Empire qu'elle s'était obligée de procurer sur cette paix-là : réponse qui, à ce que j'espère, me fera gagner tout le temps que je désire d'avoir.

Quand le ministre Münchhausen s'est récrié envers le sieur Alten contre les procédés de la cour de Vienne et contre ses principes extraordinaires, par où elle gâtait toutes ses affaires, je crois qu'il n'a pas tout-à-fait dissimulé avec celui-ci; je sais que cette cour-là a souffert assez impatiemment que les ministres des Puissances maritimes à Aix<215> aient fait séparément et à l'exclusion du comte Kaunitz la convention avec la France touchant la rétrogradation des troupes russiennes. D'ailleurs, mes lettres de Vienne portent que la cour là n'était pas tout-à-fait d'accord avec celle d'Hanovre sur le plan que celle-là avait fait de ses prétendus arrangements des affaires de l'Empire, et qu'elle se plaignait, outre cela, que le ministère d'Hanovre ne marquait ni assez d'empressement ni assez de fermeté pour l'exécution de ses projets; on y ajoute assez judicieusement qu'on ne saurait tirer aucune conclusion, touchant le peu d'intelligence entre les deux cours, du mécontentement de la cour de Vienne, dont la coutume était de n'être satisfaite de ses alliés qu'autant qu'ils suivaient aveuglément ses volontés. Tout ceci me donne lieu de soupçonner que tant la cour de Vienne que celle d'Hanovre voudraient également maîtriser l'Empire, mais que par les différentes vues que chacune d'elles a pour parvenir à son but, il s'est mis du refroidissement entre elles, qui cependant ne tirera point en conséquence ni ne les détachera l'une de l'autre.

Le confident du sieur Legge peut avoir raison quand il présume qu'au retour du Roi en Angleterre les choses prendront une autre face, mais je veux bien vous dire confidemment à cette occasion-ci que, selon le train que les affaires publiques vont prendre, je ne serai pas trop pressé à faire une alliance ni avec l'Angleterre ni avec quelque autre puissance, et puisque mon inclusion dans le traité de paix s'est faite sans que j'aie eu des engagements avec aucune des puissances contractantes, je ne vois jusqu'ici aucune bonne raison qui me menât à contracter des engagements qui ne sauraient que m'être assez onéreux et qui ne me produiraient aucun avantage réel.

Federic.

Nach dem Concept.