3734. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 5 juillet 1749.

Votre dépêche du 23 de juin dernier m'est bien entrée. Vous pouvez croire que je n'envierai en aucune façon à la France la gloire d'avoir réuni ensemble la Suède et le Danemark, et que je serai content de la réussite de l'affaire, à laquelle il y a jusqu'ici beaucoup d'apparence. En tout cas, si le marquis de Puyzieulx venait à vous parler de l'affaire en question, vous lui direz qu'apparemment il serait content des bons procédés du prince-successeur de Suède, qui venait de sacrifier ses intérêts les plus chers2-2 pour lever tout obstacle qu'il y avait eu au renouvellement de l'alliance entre la Suède et Danemark, sur les pressantes instances que je lui avais faites à ce sujet.

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Vous ajouterez ensuite au marquis de Puyzieulx qu'il m'était revenu de Londres qu'il y avait des indices propres à faire conjecturer que le ministère anglais avait transmis fort secrètement de nouvelles remises d'argent à Pétersbourg,3-1 mais que, n'étant point encore bien assuré de la réalité qu'il y avait à cet avis, je tâcherais de l'approfondir et que, dès que j'en aurais été instruit de façon à y pouvoir compter absolument, je ne laisserais que de le lui communiquer à lui, marquis de Puyzieulx.

Au surplus, je sais que la cour de Vienne a fait de fortes instances auprès de celle de Londres, afin que l'Angleterre lui payât des subsides considérables en cas de guerre dans le Nord, mais que, l'Angleterre ayant décliné de s'y prêter, la cour de Vienne en avait été extrêmement piquée, de sorte qu'il paraissait suffisamment par là que la mauvaise volonté où était la cour de Vienne était encore toujours la même et qu'elle ne manquerait sûrement pas de lui laisser un cours libre afin de la mettre en exécution, dès qu'elle y trouverait les fonds nécessaires.

Federic.

Nach dem Concept.



2-2 Vergl. Bd. VI, 567.

3-1 Vergl. S. 5 und Bd. VI, 578.