3751. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A COMPIÈGNE.

Potsdam, 15 juillet 1749.

L'officier dont j'ai eu le mémoire que je vous ai envoyé sur la dépense que l'Angleterre a faite pendant la guerre dans les Pays-Bas,14-1 n'a proprement point été employé dans la trésorerie anglaise, mais il a été employé dans différentes occasions qu'il a été à même de prendre des notices fort exactes de ce que ladite guerre a coûté à l'Angleterre. Ce que j'ai bien voulu vous dire pour plus grande exactitude.

Comme j'ai vu avec plaisir, par votre dernière dépêche du 4 de ce mois, que les ministres de France ont actuellement bien ouvert les yeux sur la conduite des cours de Vienne, de Londres et de Russie, il me paraît que la prudence demande que vous ne leur fassiez plus tant d'insinuations sur ces sujets-là qu'il était nécessaire que vous leur fissiez avant que le bandeau fatal leur fût tombé. Je crois donc qu'il convient dans le moment présent que, quand je vous ordonne de leur communiquer quelque avis ou quelque nouvelle relative aux démarches des cours cimentionnées, vous ne leur communiquiez que tout simplement les faits que je vous suppédie, afin d'éviter par là que le soupçon ne se renouvelle auprès d'eux que je voudrais bien les mener plus loin qu'ils n'ont envie d'aller.

Ce qui est certain et ce que vous pouvez bien dire à M. de Puyzieulx, c'est qu'il faut qu'il se traite quelque affaire d'importance entre les deux cours impériales, puisque depuis quelques semaines les courriers ne font qu'aller et revenir entre les deux cours. De plus, je viens de voir une lettre écrite d'assez bonne main à Moscou à date du 23 du juin dernier, qui marque que le ministre autrichien, comte Bernes, avait dépêché le 19 dudit mois un courrier à sa cour qui, outre ses dépêches, en porta aussi de la cour de Russie à ses ministres à Londres et à Dresde,14-2 qu'on enverrait de Vienne, encore par des exprès, à leur direction. L'on ajoute que le régiment de dragons d'Astracan et quelques-uns des nouveaux bataillons de la dernière augmentation qui avaient été aux environs de Moscou, s'étaient mis en marche depuis huit jours pour se rendre à Riga, et que d'ailleurs les Kalmouks traversaient l'Ukraine pour<15> passer pareillement aux frontières de la Livonie, sans qu'on saurait pénétrer quel était le vrai objet de tant de mouvements de troupes.

Federic.

Nach dem Concept.



14-1 Spilcker. Vergl. Bd. VI, 568.

14-2 Tschernyschew und Keyserlingk.