3941. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.

Potsdam, 25 octobre 1749.

Votre dépêche du 10 de ce mois m'a été bien rendue. Mes dépêches antérieures vous auront dû apprendre que pour cette fois-ci les doutes que vous avez formés sur la sincérité des ministres anglais sur ce qu'ils ont dit à vous et à l'ambassadeur de France, concernant les dépêches qui leur sont revenues du lord Hyndford, ne sont pas justes,<146> et je vous le confirme encore qu'il est tout-à-fait vrai qu'on a tenu à Moscou un grand conseil sur les affaires du Nord,146-1 dans lequel il a été résolu qu'il *ne convenait point à la Russie de se commettre avec la Suède ni d'entrer en guerre offensive avec elle. Il est encore vrai que les Anglais ont agi de bonne foi dans tout ceci, qu'ils n'ont été nullement contents, tout comme la cour de Vienne, de la démarche que le chancelier Bestushew a faite, à l'égard de la déclaration faite par le sieur Panin à Stockholm, et qu'ils ont taxé celle-ci d'indécente et de mal avisée, et que d'ailleurs ces affaires-là sont dans un train qu'on en peut espérer qu'elles prendront un tour favorable et bon. Ce que vous ne manquerez pas de confirmer de ma part au marquis de Mirepoix.

Quant à la personne dont vous faites mention dans votre dépêche que je la doive gratifier pour les confidences qu'elle vous fait, vous n'avez qu'à vous expliquer en quoi je puis lui témoigner ma reconnaissance.

Au reste, comme le général autrichien, comte Lucchesi, vient de passer par ici pour aller à Londres, et que je soupçonne qu'il pourrait bien être chargé par sa cour de quelque commission secrète — quoiqu'on assure qu'il ne fait ce voyage que de son propre chef, pour profiter de ce temps de paix, afin de voir quelques cours d'Europe, et que surtout il voudra tenter la fortune au jeu à Londres — vous devez le faire observer de près, quoique sans vous faire remarquer, afin de pénétrer s'il peut être chargé de quelque commission secrète de la part de la cour de Vienne ou non.

Federic.

Nach dem Concept.



146-1 Vergl. S. 132.